Calendrier julien, grégorien… histoire d’un système de datation mondiale

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Calendrier médiéval représentant les 12 mois de l'année.

Omniprésent dans nos transactions et nos vies, nous ne mesurons pas l’importance d’un calendrier unique, autour duquel les différents États du monde s’accordent pour définir une date commune à tous. Et pourtant, encore aujourd’hui certains pays utilisent un autre système de datation. C’est notamment le cas de l’Éthiopie et du Népal.

 

Jusqu’au XVIème siècle, le calendrier en vigueur en Europe n’est autre que celui établi par Jules César, au Ier siècle avant notre ère. Le calendrier « julien » est issu d’une réforme du « calendrier romain », qui suivait les périodes lunaires. La période de lunaison se décalant progressivement de celle indiquée sur le calendrier, il fallut ajouter un mois, une fois tous les deux ans. La complexité d’application du système était telle que César réforma en profondeur la répartition des jours dans l’année. Le système retenu fut une année de 365 jours, avec une année de 366 jours une fois tous les quatre ans. Ce calendrier souffrait d’un décalage d’un jour tous les 134 ans du fait d’une légère différence entre l’équinoxe calendaire et sa date réelle. En 1582, le calendrier julien était décalé de dix jours par rapport au soleil. Le pape d’alors, Grégoire XIII, mandata des mathématiciens et des astronomes en vue de corriger l’erreur du calendrier julien.

 

Une réforme adoptée par les Catholiques

Le 24 février 1582, le pape promulgue la bulle Inter gravissimas. Par ce texte, il supprime dix jours du mois d’octobre, tout en maintenant l’année bissextile. « Nous prescrivons et ordonnons que soient supprimés du mois d’octobre de l’an 1582 les dix jours qui vont du troisième des nones à la veille des ides inclusivement ». L’application du nouveau calendrier ne rencontre pas d’opposition dans une Europe catholique. En France, le Roi Henri III l’adopte le 9 décembre 1582. Le lendemain, les Français se réveillent le … 19 décembre. Au cours de la révolution française, les révolutionnaires adoptent une année de 12 mois de 30 jours chacun et instituent des semaines de 10 jours, la décade, dans un but de « laïciser » le temps en supprimant le dimanche. Cette période fait cependant exception. Dans un souci d’application douce de la réforme de 1582 le pape précisa qu’afin « que cette suppression de dix jours ne cause aucun préjudice à quiconque doit effectuer des paiements mensuels ou annuels, il incombera aux juges, dans tout litige qui pourrait en résulter, de tenir compte de ladite suppression en reportant de dix jours l’échéance de n’importe quel paiement ». La Grande Bretagne et les pays protestants ont, en revanche, vivement protesté contre cette réforme originellement catholique. Au savant Kepler est attribuée cette fameuse citation selon laquelle il se déclare préférer « être en désaccord avec le soleil plutôt que d’être en accord avec le pape ». Les États protestants acceptent le passage au calendrier grégorien au cours des XVIIème et XVIIIème siècles, pour des raisons économiques.

 

L’adoption du calendrier Grégorien dans le reste du monde

À des fins laïques, le calendrier grégorien est adopté très tardivement par les États orientaux et, dans l’empire ottoman, le calendrier Rumi, utilisé à des fins fiscales, est aligné sur le système grégorien en 1917. Ce dernier est introduit à des fins générales le 1er janvier 1926 seulement. En Russie, celui-ci a été accepté après la révolution d’octobre le 24 janvier 1918. Les pays d’Europe orientale (Roumanie, Grèce…) sont passés au calendrier grégorien dans les années 1920 mais les orthodoxes continuent encore d’utiliser le calendrier julien à des fins religieuses. Les pays d’Asie de l’Est, tels que le Japon et la Corée, ont abandonné leurs outils traditionnels de mesure du temps pour le calendrier « occidental » à la fin du XIXème siècle.

Le dernier pays en date à avoir adopté le calendrier grégorien est l’Arabie Saoudite en 2016, au détriment du calendrier islamique. Mais encore aujourd’hui des peuples et des institutions utilisent une autre forme de calendrier afin d’affirmer leur particularisme ou l’importance d’un évènement. C’est le cas des élèves de l’école militaire de Saint Cyr dont le calendrier commence le 2 décembre 1805 et qui sont aujourd’hui en l’an … 215 !

 


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