Eugène Poubelle : portrait d’un préfet qui donna son nom à une boîte à ordures

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A gauche, le préfet de la Seine Eugène Poubelle. A droite, un chiffonnier parisien vers la fin du XIXème siècle.

Eugène Poubelle est un préfet, juriste et ambassadeur français. Il est célèbre pour avoir laissé nom à ce que nous utilisons (presque) au quotidien : une boîte à ordures.

 

Son combat n’était pas gagné d’avance. Pourtant, face à l’impopularité de cette mesure, le préfet de Paris persiste et signe en créant ce que la presse surnommera les « boites Poubelle ».

 

Jeunesse et études

Née le 15 avril 1831 à Caen en Normandie, Eugene-René Poubelle grandit dans une famille bourgeoise. Avec un doctorat de droit en poche, il enseigne en tant que chargé de cours à l’université de Caen puis de Grenoble avant de rejoindre celle de Toulouse. En avril 1871, le chef du pouvoir exécutif Adolphe Thiers alors refugié à Versailles, le nomme préfet de la Charente. Une carrière préfectorale commence. En 1872, il est en poste en Isère, puis en Corse (1873), le Doubs (1873), les Bouches-du-Rhône (1879) et enfin celui de la Seine (1883).

 

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Préfet de la Seine

Sa nomination à la tête de la préfecture de la Seine est un véritable cadeau empoisonné. A cette époque et pour faire suite à la Commune, Paris est soumise à un contrôle plus strict de la part de l’Etat. Il n y a plus de maire. La capitale étant à la fois une ville et un département, ce n’est pas un mais deux préfets qui sont en poste. L’un à le pouvoir de police (préfet de police) tandis que l’autre est le préfet de département (préfet de la Seine). Ce dernier gère les affaires courantes de la ville.

 

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Un système complexe…

Tout commence par un arrêté pris le 24 novembre 1883 et publié le 22 décembre de la même année. Celui-ci oblige les propriétaires à mettre à disposition des habitants de leurs immeubles des boîtes dans lesquelles seront jetées les déchets ménagers. L’objectif de celui-ci est clair : assainir la « ville Lumière ». De la taille de ces boîtes, au tri sélectif en passant par l’organisation du ramassage de ces détritus, l’arrêté prévoit de nombreuses choses. A l’échelon inférieur, c’est aux concierges que revient la charge de sortir ces bacs fermés à des horaires règlementés.

 

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… qui dérange

La mesure du préfet ne ravit pas tous les Parisiens… A commencer par le Conseil municipal de la ville qui n’a pas été consulté sur cette mesure. Bien qu’hygiénique, ce projet est accusé de mettre au chômage les dizaines de milliers de chiffonniers qui collectent, trient et revendent les déchets trouvés en bas des immeubles pour quelques pièces par jour. Le coût de la mise en œuvre est assuré par les propriétaires qui doivent acheter les fameuses boîtes sous peine d’amende tandis que les concierges augmentent leurs heures de travail quotidien. Par ailleurs, le tri des déchets favorise une certaine égalité entre les différentes classes sociales au sein des immeubles parisiens. Pour autant, à certains endroits, les anciennes méthodes ont continué encore quelque temps. Cet événement a été largement couvert par les journaux de l’époque, tout juste deux ans après la loi du 29 juillet 1881 définissant les libertés et responsabilités de la presse française.

 

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Le « tout-à-l’égout »

Toujours dans le cadre de ses fonctions de préfet de la Seine, Eugène Poubelle met en place un nouveau système : le « tout-à-l’égout ». L’objectif de ce projet est de contrer une résurgence du choléra dans la capitale en 1892. Ce nouveau système prévoit en 1894 d’obliger les propriétaires à rallier à leurs frais le raccordement de leur immeuble au réseau d’égout pour une meilleure collecte et un meilleur traitement des eaux usées. Après 12 ans à Paris, il est nommé ambassadeur de France au Vatican en 1896. En 1898, il est conseiller général de l’Aude et président de la Société centrale d’agriculture.

 

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Eugene Poubelle décède le 15 juillet 1907 à 76 ans dans son domicile parisien du 8ème arrondissement. Il est promu grand officier de la Légion d’honneur en 1898.

 


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