Ferdinand de Géramb (1772-1848)

Ferdinand de Géramb est un aventurier, militaire et moine trappiste franco-autrichien du début du XIXe siècle. Il fait partie des restaurateurs de l’ordre cistercien de la Stricte observance en France.

 

Être militaire, aventurier, avoir six enfants avec sa cousine et devenir moine trappiste. Une vie singulière faite de batailles dans une Europe en proie à la guerre, mais aussi spiritualité, parfois seul réconfort à la perte de sens des hommes. Ferdinand de Géramb fait partie de ces nombreuses personnalités excentriques que la France a connues au cours du XIXe et XXe siècle.

 

Contre la France Révolutionnaire

Né le 14 janvier 1772 à Lyon, Ferdinand de Géramb est originaire d’une famille autrichienne. Son père est un riche négociant dans l’industrie de la soie. A partir de 1785, la famille habite le château de l’Épervière récemment acheté. Lors de la Révolution française, sa noblesse et sa lignée étrangère obligent la famille à quitter Lyon pour l’Autriche en septembre 1790. Ferdinand de Géramb rentre à l’Académie militaire de Vienne et sort diplômé en 1793. En tant qu’officier de cavalerie, il prend les armes contre la France révolutionnaire. En 1796, il se marie à sa cousine, Thérésa de Adda, avec qui il aura 6 enfants.

En 1800, il se distingue tout particulièrement à la bataille de Hoenlinden où les forces autrichiennes et bavaroises s’enfuient. En 1804, il est chambellan de l’Empereur d’Autriche, François Ier et devient colonel. Il parvient avec 800 cavaliers à traverser les lignes françaises à la bataille d’Ulm (1805) avant que les troupes coalisées ne fassent leur reddition. La même année, il parvient à lever un corps franc croate à Vienne contre les troupes napoléoniennes avant d’atteindre le rang de Lieutenant-général dans les armées autrichiennes l’année suivante.

 

De l’Autriche au fort de Vincennes

En 1807, il s’établit en Sicile afin de pouvoir rechercher un climat plus propice à la santé de sa femme et parvient à se faire nommer chambellan de la reine de Sicile, Marie-Caroline d’Autriche. Cette dernière lui confie une mission en Angleterre contre la France impériale qui se révélera un échec. Revenu en Sicile en décembre 1808, il perd sa femme et se voit congédié de son poste de Chambellan auprès de la reine sous fond d’intrigues politiques. Ses aventures le poussent à rentrer à Vienne.

En 1809, il est à la bataille de Wagram du côté des troupes coalisées. L’année suivante, il est à Cadix en Espagne où il sera blessé en se battant contre les troupes françaises. Sitôt remis, la junte espagnole le charge de lever une armée de volontaires en Angleterre. Sa mission est un échec : le général dilapide les fonds octroyés par la junte et se voit poursuivi par ses créanciers. Pour y échapper, il s’embarque pour le Danemark, allié de la France en 1812. Sitôt sur le sol, il se fait arrêter et livrer à la gendarmerie française qui l’enferme au fort de Vincennes.

Il se retrouve en prison jusqu’à l’abdication de Napoléon Ier en 1814. Durant cette période, il fait la rencontre de deux ecclésiastiques : Étienne Antoine Boulogne, évêque de Troyes, et le père Francesco Fontana. Comme lui, ces deux prélats se sont opposés à l’Empereur et à sa politique menée contre le pape. Leurs points communs les poussent à entretenir des liens suffisamment importants pour que le baron de Géramb profite de sa privation de liberté pour modifier sa vision de Dieu et se rapprocher sensiblement de l’Église.

 

Un trappiste excentrique

Les forces coalisées lui rendent sa liberté en 1814. Il se voit rapidement nommé gouverneur général de l’Aube et de l’Yonne. Au décès de sa mère, il apprend la création d’un nouveau monastère trappiste près de Laval. Après avoir confié ses enfants à son frère lors de ses différentes retraites, il entre solennellement en uniforme de général autrichien dans le nouveau monastère du Port-de-Salut en 1816. Le père Marie-Joseph devient barbier avant de se faire rapidement relever de ses fonctions puis peintre-vitrier.

Sous son pinceau, il ne tarde pas à peindre des emblèmes funéraires et des têtes de morts transformant les murs du monastère en nécropole pour correspondre à sa fantaisie. Devenu frère hôtelier en 1817, il parvient à faire connaître le monastère dans tout le département et lever des fonds pour faire agrandir leur chapelle dont il dessine la voûte du chœur. Malheureusement, ses talents d’architecte sont bien modestes et la voûte s’écroule avant même qu’elle ne soit finalisée. Il reprend alors les chemins de son département à la recherche de nouveaux fonds. De retour dans son abbaye, il choisit de mettre un simple plafond semé d’étoiles afin d’éviter un second accident.

En 1827, son supérieur accepte qu’il entreprenne un séjour dans différentes abbayes ainsi qu’un séjour en Terre Sainte d’où il tirera son Pèlerinage à Jérusalem et au Mont-Sinaï. En 1830, il permit d’éviter le pillage de son monastère par les révolutionnaires. En 1837, il se rend à Rome et se fait nommer « abbé in partibus » et procureur de la Trappe auprès du Vatican où il restera pour le restant de sa vie. Ferdinand de Géramb décède à Rome le 15 mars 1848 après avoir amassé d’importantes sommes d’argent. 

 


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