Les dates et lieux de décès de Georges Ganier d'Abin restent inconnues. Image d'illustration

Georges Ganier d’Abin est un menuisier, aventurier et militaire français. Soldat du Pape à Rome, il est principalement connu pour avoir été commandant en chef des armées du Siam.

 

Vie paisible ou vie d’aventure ? La France a connu de nombreux aventuriers au XIXe siècle avec des parcours particulièrement exaltants. Que les causes soient royalistes, républicaines ou simplement liées à la conquête d’un territoire, ces aventuriers sont de toutes les grands événements de leur époque. Georges Ganier fait partie de cette race des « seigneurs de guerre » qui se retrouvent partout où les combats font rage.

 

De menuisier à soldat du Pape

Né le 23 septembre 1840 dans l’ancien VIIe arrondissement de Paris, Georges Ganier grandit dans le quartier de Montmartre. Enfant particulièrement agité, il aurait reçu une éducation religieuse chez les Jésuites avant de devenir menuisier. Très rapidement, son besoin d’aventure le pousse à tout quitter et à rentrer dans l’armée en tant que tambour-major. Il rejoint ensuite les rangs des Zouaves pontificaux constitués de volontaires étrangers venants défendre l’État pontifical, dont l’existence est menacée par la réalisation de l’Unité italienne.

Durant ces années, il se fait appeler « Ganier d’Abin », nom de sa mère, Jeanne Dabin, dont il modifie l’écriture. Il se retrouve ainsi avec les troupes pontificales à la bataille de Castelfidardo en 1860 où celles-ci se font tailler en pièces. Georges Ganier d’Abin échappe de peu à la tuerie et « disparaît dans la nature ». Il semblerait qu’il soit parti en Amérique durant quelques années.

 

L’aventure polonaise

Ses aventures en Europe continuent puisque nous retrouvons ses traces en 1863 en Pologne. Il rejoint l’insurrection polonaise contre les troupes russes en commandant un corps d’armée au service du nouveau gouvernement provisoire. L’essentiel de l’armement de ses hommes se composent de faux. A la tête de ses « faucheurs », il se couvre de gloire à la bataille de Pyzdry en obligeant les troupes russes à se retirer. La cause défendue est populaire en France.

Quelques semaines après, il repousse à nouveau les Russes lors de la bataille d’Ignacewo. Malheureusement, celle-ci se soldera par un échec pour les troupes polonaises. En juillet, le reste de son corps d’armée est défait par la coalition russo-prussienne qui émet un mandat d’arrêt contre le jeune français qui termine cette guerre en 1864 au grade de colonel. Plusieurs fois annoncé pour mort, il est capturé mais parvient à s’évader la veille de son exécution et à rentrer en France en 1864.

 

De la France au Siam

En France, il retourne chez ses parents puis se trouve une place en tant qu’employé des chemins de fer à Lyon. Toujours la même année, il se marie à une femme de 16 ans son aînée. Mais très rapidement, il retourne à Paris et abandonne son épouse. Il serait parvenu à obtenir une place de valet de chambre au sein de la nouvelle ambassade du roi du Siam à Paris.

Au Siam, le Consul de France aurait présenté ce jeune homme plein de fougue au jeune roi, Rama V. Sans que personne ne sache véritablement comment, Georges Ganier d’Abin est nommé capitaine des gardes de sa majesté et à ce titre, est nommé commandant en chef de l’armée de Terre du royaume. La presse française saura annoncer cette nouvelle avec orgueil. Le fameux « colonel français » monte ainsi les échelons jusqu’à parvenir au titre de généralissime. A ce poste, il aurait modernisé « l’armée d’opérette » à l’européenne en lui donnant l’instruction européenne nécessaire.

 

De la Commune de Paris à l’Espagne

Les événements en France le rattrapent. A la nouvelle du conflit franco-prussien, il obtient un congé d’un an pour se mettre au service de Napoléon III et défendre son pays. Malheureusement, lorsqu’il débarque en France, l’Empire est tombé et la République est proclamée. D’abord blessé accidentellement avec son revolver, il se retrouve vite dans l’incapacité de combattre. Le nouveau régime tient compte de son précédent statut et de ses qualités en tant qu’officier général au Siam et le nomme colonel de l’armée auxiliaire.

Quelques mois après, il choisit de mettre son épée au service de la Commune de Paris et refuse la capitulation de la France face aux armées prussiennes. Le Comité central de la Garde nationale le nomme général, commandant des forces du XVIIIème arrondissement de Paris. Il ne semble pas qu’il ait pris une part très importante durant ces événements bien que son statut pourrait faire croire le contraire. Dans le cadre de sa fonction, ses rapports mentionnent notamment l’exécution sommaire de deus sergents de ville, d’un gendarme et d’un gardien de la paix.

Il démissionne quelques jours après que le comité le suspecte d’être un agent bonapartiste et le condamne à mort par contumace. Quelques mois après, il se retrouve condamné à la déportation par les Versaillais lorsque ces derniers écrasent le soulèvement communard en mai 1871. Mais il échappe à la condamnation en se réfugiant en Belgique puis au Pays-Bas.

 

De la guerre carliste à la disparition

Georges Ganier d’Abin réapparaît en 1873 en Espagne lors de la troisième guerre carliste. Au service de la cause royaliste ou républicaine ? Les sources ne le précisent pas si ce n’est qu’il aurait eu une relation avec la révolutionnaire Mina Puccinelli. La presse française de l’époque annonce qu’un certain Ganier d’Aubin serait décédé le 6 octobre 1873 lors des combats de Carthagène mais aucune preuve n’est apportée.

La presse annonce également sa présence, quelques semaines après ce probable décès, à Saint-Domingue où il aurait dirigé plusieurs milliers d’hommes et renversé le président de l’île. D’autres sources annoncent son retour au Siam … mais en tant que marchand d’opium et serait décédé en 1914. Son acte de divorce obtenu par sa première femme en 1884 précise qu’à cette date, il serait « sans domicile ni résidence connus ». Une vie faite de mystères qu’il emporte avec lui.

 



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