Un élu républicain du Congrès américain accuse Paris d’empêcher la transmission d’informations sur les activités d’Airbus en Chine. Derrière cette polémique transatlantique, se dessine un enjeu central : la capacité de la France à préserver sa souveraineté économique et industrielle face aux pressions stratégiques de Washington.
La tension est montée d’un cran entre Paris et Washington. Dans un courrier adressé au secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, le président républicain d’une commission de la Chambre des représentants, John Moolenaar, accuse le gouvernement français d’entraver une enquête parlementaire sur les activités d’Airbus en Chine.
Selon l’élu américain, « le gouvernement français empêche de fait la commission d’obtenir des informations élémentaires sur les activités d’Airbus en Chine », alors même que l’avionneur européen « joue un rôle important dans le complexe industriel militaire américain ». Pour Washington, l’enjeu est clair : s’assurer que ses partenaires industriels ne contribuent pas, directement ou indirectement, au renforcement des capacités militaires chinoises.
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Cette commission, créée en 2023, est chargée d’enquêter sur les activités du Parti communiste chinois jugées menaçantes pour les intérêts américains, qu’elles soient économiques, technologiques ou militaires. Dans ce cadre, une demande formelle d’informations avait été adressée à Airbus dès le 14 août.
Transparence exigée, souveraineté revendiquée
Au cœur du différend, une ligne de fracture bien connue : celle qui oppose l’exigence américaine de transparence extraterritoriale à la volonté française de conserver la maîtrise de ses décisions industrielles et stratégiques. John Moolenaar affirme qu’Airbus se serait montré disposé à coopérer avec la commission, mais que Paris aurait « explicitement empêché » l’entreprise de répondre. Une affirmation lourde de sens, qui place l’État français au centre du jeu, non comme un obstacle administratif, mais comme un acteur souverain assumant le contrôle des informations stratégiques de ses industriels.
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Airbus, de son côté, adopte une position mesurée. L’avionneur indique échanger « depuis plusieurs mois » avec la commission parlementaire américaine afin d’expliquer « la nature mondiale de [son] industrie » et de rappeler son « strict respect de toutes les réglementations européennes et américaines en vigueur ». Les autorités françaises, elles, n’ont pas souhaité commenter publiquement.
Un révélateur des rapports de force économiques
Au cœur des rivalités entre grandes puissances, l’industrie n’est plus seulement un moteur économique : elle est devenue un instrument de souveraineté. Les accusations américaines visant la France au sujet d’Airbus et de ses activités en Chine illustrent la montée des tensions autour du contrôle stratégique des champions industriels européens.
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Peut-on accepter que des commissions parlementaires étrangères exigent des informations sensibles sur les activités internationales de champions industriels européens ? Où s’arrête la coopération entre alliés, et où commence l’ingérence économique ?
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