Forteresse de Saint-Vidal : un Puy du Fou à l’auvergnate

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La forteresse de Saint-Vidal est classée au titre des Monuments historiques depuis 1958.

Fortifiée au XIIIe siècle sur un site médiéval remontant au XIe siècle, la forteresse de Saint-Vidal, façonnée par plus de mille ans d’histoire, est récemment devenue un édifice incontournable du patrimoine auvergnat grâce à un projet exceptionnel de remise en valeur.

 

Un site d’exception pour une forteresse imprenable

Du Puy-en-Velay, il faut compter une vingtaine de minutes pour voir la route plonger sur la forteresse. Dressé au fond de la vallée de la Borne, Saint-Vidal surprend d’abord par sa position en contrebas, mais le premier regard ne trompe pas : un imposant mur d’enceinte, trois tours médiévales du XVe siècle et un donjon daté du XVe plantent le décor. L’histoire le confirmera, maintes fois assiégée, la forteresse ne tombera jamais. C’est ici, au cœur du Velay, que Vianney Audemard d’Alençon décide en 2016 de faire revivre cet authentique joyau de l’histoire locale.

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La pierre à l’épreuve du temps

D’abord bien vivace, la forteresse de Saint-Vidal est progressivement tombée dans l’oubli. L’âge d’or des seigneurs de Saint-Vidal, un temps engagés dans la première croisade puis défenseurs des Français dans la guerre de Cent Ans, confère tout son prestige au site jusqu’au XIIIe siècle. Véritable « castrum », le site rayonne dans le Velay. Vient ensuite la passation à la famille de la Tour de Saint-Vidal, qui fera du site l’âme de la résistance catholique du Velay lors des guerres de religion. Le bâtiment remanié à cet effet conserve les stigmates de cette époque de sièges et de combats. Néanmoins, par la suite, de propriétaire en propriétaire (il passera notamment entre les mains de l’évêché du Puy au XVIIIe siècle), le site ne trouvera plus de raison d’être et sera peu à peu délaissé par manque de moyens.

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Sur le modèle du Puy-du-Fou : un projet audacieux

En 2016, Vianney d’Alençon rachète pourtant la forteresse. Cet entrepreneur passionné veut développer ce site unique sur le modèle du Puy-du-Fou, pensé par la famille de Villiers. Il fonde pour cela l’association pour « La valorisation du Velay, Auvergne et Gévaudan». Soutenu par Laurent Wauquier (LR), lui-même auvergnat et maire du Puy jusqu’en 2016 (puis président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes), il obtient le soutien des autorités, notamment par l’intermédiaire de Stéphan Bern. Il sera même reçu à l’Elysée en avril 2018. Pour financer son projet, les collectivités locales et régionales lui accordent 1,2 million d’euros. La famille Dassault et la fondation Michelin lui apportent également leur soutien, sans compter les personnalités publiques comme Laurent Deutsch, Bernard de la Villardière et François d’Orléans, qui appuient voire participent au projet.

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Entre 2016 et 2018, Vianney d’Alençon rassemble artisans, acteurs, historiens, mécènes et décideurs locaux, qui donnent jour au projet. Le bénévolat et la passion du patrimoine local les unissent. Tant d’énergie aboutira finalement le 16 juin 2018 à l’inauguration du projet.

 

Plus qu’une visite, « une fresque historique et vivante »

Le résultat est enthousiasmant. La fresque nous propose de revenir sur l’histoire de France à travers celle du site, depuis Clovis jusqu’à la Révolution. L’entreprise peut sembler difficile d’accès et trop ambitieuse. Cependant, de pièce en pièce, les décors, les effets de sons et lumières ainsi que les comédiens nous permettent de glisser progressivement d’une époque à l’autre, en mettent en évidence les enjeux historiques de manière claire et concise. En une heure, le visiteur aura voyagé non seulement dans les quinze salles de la forteresse mais également à travers douze siècles d’histoires. Croisades, guerre de Cent Ans, guerres de religion et Révolution française sont entre autres évoquées. En adéquation avec l’esprit du projet de Vianney d’Alençon, la fresque parvient à « faire parler la pierre », et le visiteur est sans cesse sollicité, surpris, étonné par le format de cette visite décidément efficace.

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Des jardins d’exception

Le travail entrepris imprègne également les jardins. Entièrement repensés par un travail de fond, avec l’aide du prince François d’Orléans notamment, les extérieurs du site présentent un ensemble remarquable. D’abord, le jardin à la française en hommage à André Le Nôtre. Puis la terrasse à l’italienne en hommage à Sebastiano Serlio, qui a travaillé au remaniement du château au XVIe siècle. Enfin, le miroir d’eau clôture la visite, rafraîchissant les participants et leur offrant une ultime vue originale sur la façade millénaire.

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Les visiteurs les plus accrochés n’hésiteront pas à prolonger le déplacement jusqu’à la tombée du jour. Les spectacles nocturnes, projetés sur la façade, les tableaux vivants, avec gens d’armes et cavaliers, leur feront revivre les grandes heures du site. 

 

Un pari réussi

Nul ne doute que le pari de Vianney d’Alençon portera ses fruits. Bel exemple de détermination et de réussite, le projet construit autour de la forteresse saura séduire les consciences « en quête d’authenticité ». A Saint-Vidal, l’histoire de France se transmet avec justesse et modernité. Le format original sert avec merveille l’esprit du projet : « transmettre et garder vivante notre histoire commune. Parce que cette histoire nous forge, parle de nous. C’est un patrimoine, un ADN culturel qui fait partie de chacun et appartient à tous. »

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Encore très jeune, le projet n’en demeure pas moins à la hauteur de son cousin de Vendée. Souhaitons qu’au sortir du confinement ce site renouvelé, ainsi que le patrimoine national dans son ensemble, soit toujours plus redécouvert et investi par les Français.

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