Lors d'un rassemblement en hommage à Oliver Ivanovic, leader de l'opposition serbe du Kosovo assassiné, le 16 janvier 2018

Depuis la déclaration d’indépendance de 2008 du Kosovo, les Serbes, historiquement présents dans la région, font face à un véritable nettoyage ethnique, d’autant plus injuste qu’ils sont sur la terre de leurs ancêtres.

 

La présence des Serbes dans les Balkans date des environs du VIIe siècle, quand les peuples migrateurs slaves, fuyant alors les Huns, s’installèrent dans la région. Bien que des tribus Illyriennes occupaient déjà le Kosovo, c’est l’Empire Serbe qui développa, tant au niveau économique que culturel, le territoire à partir du XIe siècle. Nombre d’églises et de monastères chrétiens orthodoxes (religion majoritaire) furent construits, si bien que le Kosovo devint le cœur historique de la renaissance médiévale serbe. Mais la situation changea au XIVe siècle. La poussée Ottomane ne s’arrêta devant aucune armée, et la moitié sud des Balkans passa sous contrôle musulman. Les Serbes refusèrent la conversion à l’Islam, contrairement aux Albanais. Pour garder la région sous leur influence, les Turcs envoyèrent en masse des colons albanais peupler la province.

 

LIRE AUSSI → La guerre russo-afghane : un Viêt-Nam soviétique aux conséquences funestes

 

En 1918, l’empire Ottoman s’effondre. Tous les peuples des Balkans, sauf l’Albanie, sont rassemblés dans un nouvel État plus que fragile, le Royaume de Yougoslavie. Après la seconde guerre mondiale, en 1945, le Royaume devient la République fédérative socialiste de Yougoslavie, État d’inspiration marxiste officiellement athée. Après sa chute (1992), les Balkans se disloquent en fonction des ethnies (Croatie, Bosnie Herzégovine, Slovénie…) et le Kosovo est rattaché à la nouvelle république de Serbie. Dans l’Albanie voisine, la dictature féroce d’Enver Hoxha a poussé des milliers d’albanais à l’exil, qui pour la plupart ont migré au Kosovo voisin.

 

Une minorité persécutée

En quelques années (environ vingt ans) les Albanais sont devenus majoritaires, et l’islam s’est radicalisé. A la fin des années 90, les serbes orthodoxes ne constituent plus qu’une minorité. Les nationalistes albanais attendent l’occasion pour déclarer l’indépendance du territoire. En 1999, la situation devient intenable, et l’OTAN « sécurise », c’est-à-dire occupe militairement, le Kosovo. La Serbie est littéralement dépecée, ce n’est qu’une question de temps avant la sécession totale, chose faite moins de dix ans plus tard, en 2008.

Depuis, haïs par les Albanais, les minorités serbes se sont marginalisées. Les enfants n’ont presque pas accès à l’éducation, les églises sont régulièrement incendiées, les monastères sont obligés de se protéger avec des murs et des barbelés. A chaque fête chrétienne, Pâques ou Noël le plus souvent, les nationalistes albanais font des démonstrations de force scandant « Pas de Noël au Kosovo ! ». Enfin, les exactions sont monnaie courante, et parfois dégénèrent en pogrom comme ce jour funeste du 17 mars 2004, où 19 personnes ont été tuées, 34 églises détruites, 5 000 Serbes et non-Albanais expulsés de leurs maisons et 900 personnes blessées.

Les Albanais se considèrent (à tort) autochtones, puisque descendant des Illyriens (ce qu’ils ne sont pas), obsédés par une certaine idée de la pureté raciale et religieuse, ils font de la vie des serbes orthodoxes un véritable enfer.

En espérant que l’Union Européenne, toujours prompte à se lamenter sur le sort du monde entier (Rohingyas, Tchétchènes, Soudanais…) ne se voilera plus la face devant cette triste réalité, pourtant à deux heures d’avion de Paris.

Laisser un commentaire

RSS
YouTube
LinkedIn
LinkedIn
Share
Instagram

Merci pour votre abonnement !

Il y a eu une erreur en essayant d’envoyer votre demande. Veuillez essayer à nouveau.