Daniel Craig et Léa Seydoux dans le dernier James Bond, «Mourir peut attendre». ©Universal Pictures

Avec plus de 3,6 millions d’entrées depuis sa sortie le 06 octobre 2021, le dernier James Bond, Mourir peut attendre est un véritable succès. Pourtant celui-ci a été sévèrement attaqué sur le plan idéologique, accusé de promouvoir le «wokisme».

 

Il est le film le plus vu de l’année 2021 et pourtant les critiques ont été sévères à son encontre. Les arguments pour définir James Bond comme « woke » sont assez simples : le nouveau 007, l’agent Nomi est une femme noire, Q l’informaticien geek concepteur de gadgets, dit « il » pour parler d’un de ses dates et James Bond est passé d’une logique hyper-virile à une logique où celui-ci vit des histoires d’amour et en souffre. Passons sur le premier argument qui, à moins d’adopter une vision strictement racialiste anglo-saxonne, est curieux. L’agent Nomi n’est clairement pas là parce qu’elle est une femme noire mais parce qu’elle est efficace. En outre, les agents secrets femmes ne sont pas une innovation révolutionnaire, le néologisme de « she-intelligencer » pour désigner les espionnes remonte au XVIIème siècle en Angleterre. A ce titre, citons le personnage d’Alexandre Dumas, Milady de Win­ter ou encore Mar­ga­rita Gee­truide Zelle, une néerlandaise fusillée pour espionnage.

 

James Bond, le conservateur

Mais au-delà, Mourir peut attendre se révèle comme un bel hommage à la tradition. Tout d’abord, LCI a raison de noter que : le personnage finit par être en couple avec Madeleine ; que celui-ci découvre qu’il a une fille Mathilde ; qu’il ne se bat plus uniquement pour lui-même et pour le service de Sa Majesté mais aussi pour sa famille. Ainsi, Bond se rapproche de cette éthique de Chesterton : « Le vrai soldat ne se bat pas parce qu’il haït ceux qui sont en face de lui, mais parce qu’il aime ceux qui sont derrière lui. ». On pourrait même faire le lien avec la manière dont l’Eglise catholique a tenté de christianiser la chevalerie en régulant la violence via la trêve et la paix de Dieu. James Bond se bat pour défendre le modèle occidental libéral contre une menace mal identifiée mais clairement nihiliste (le principal méchant Lyutsifer Safin) et contre une organisation – Spectre – habitée par une hubris démentielle. Une vision assez conservatrice. 

Enfin et surtout, James Bond est une ode au sacrifice. Infecté par le poison qui tuerait Madeleine et Mathilde s’il les approche, Bond décide de rester pour s’assurer que les missiles détruiront le complexe d’armes biologiques comme une statue d’un général livrant son ultime bataille. Il est également une ode à la transmission lorsque les différents membres du MI6 (M le chef du MI6, l’agent Nomi 007 et Q se remémorent James Bond. Ces derniers insistent sur la définition traditionnelle du héros depuis l’Iliade qui est, que mieux vaut parfois une vie courte et pleine d’éclats qu’une vie longue n’accomplissant rien. Un autre exemple caractérise cette transmission : lorsque Madeleine raconte l’histoire de James Bond à leur fille. Cette scène montre que l’héroïsme va avec le souvenir du héros.

Au fond, James bond raconte l’histoire d’un « conservatisme éclairé » qui ne se pose pas la question de ce qu’il défend mais y adhère, qui honore ses héros et crée des mythes pouvant être porté de nouveau comme le matricule 007 car ils incarnent un idéal. 

 


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