Mascarade est un film français écrit et réalisé par Nicolas Bedos, sorti en 2022.

La cinématographie au XXIème siècle n’est pas au meilleur de sa forme. C’est un fait indubitable et répété à l’envie, et souvent avec raison. Il arrive pourtant parfois que dans cet océan de nanars tièdes et lisses se dévoile une perle cristalline venant illuminer les abysses de notre septième art. Mascarade de Nicolas Bedos est l’une d’entre-elles.

 

Filmant la Côte d’Azur dans de sublimes plans dignes de Sorrentino, Nicolas Bedos nous plonge au cœur d’une comédie de mœurs faisant se rencontrer une frange populaire de nos concitoyens en quête de fortune, de rêves et de bonheur qui doit faire face au luxe outrageant des classes aisées de la French Riviera. Adrien (Pierre Niney), danseur accidenté s’est reconverti en gigolo et se prétend écrivain afin de vivre aux dépens d’une riche actrice à la carrière déclinante jouée par Isabelle Adjani. Marine Vacth, elle, joue le rôle de Margot, une jeune femme au sex-appeal insolent vivant aux crochets des hommes qu’elle manipule et délaisse sans scrupules. Les deux jeunes escrocs vont se rencontrer au cours d’une soirée passée chez l’actrice que charme Adrien et une passion mouvementée va en naître amenant lentement mais sûrement le spectateur jusqu’à un dénouement final magistral.

Les décors sont beaux, étudiés, intelligents, comme le furent naguère ceux de La Belle époque, film également réalisé par le cinéaste Nicolas Bedos. Les musiques sont dans l’ensemble bien choisies et l’image est tout bonnement sublime. Ce film, à cheval entre la comédie et le film dramatique, retransmet l’énergie badine des comédies franco-italiennes si chère au cinéma des années soixante tout en jouant sur l’esthétique du film noir teinté de magnificence comme pu l’être le Plein soleil de René Clément. La salle ne s’y trompe pas, le public alterne entre rires et larmes au fil du déroulement des scènes. Cette critique sociale du fossé séparant les petites gens attachées à la geste romantique et les puissants, ne rêvant que de se détacher de leurs responsabilités ou de revenir sur le devant de la scène, convainc, émerveille et séduit celui qui regarde.

 

Des critiques mitigées

Certains médias critiquent négativement le film, en frôlant le ridicule. Libération a regretté que le réalisateur « tourne en ridicule ses acteurs », le ridicule étant plutôt ici de ne pas faire la différence entre le ridicule d’un personnage et celui de l’acteur l’interprétant. De manière plus précise, Télérama s’insurge contre les « Coups bas, mensonges, et grosses ficelles [qui] mènent le bal dans le quatrième long-métrage de Nicolas Bedos, aussi pathétique que son microcosme bling-bling. », ses rédacteurs ne supportant pas, certainement, qu’il soit fait critique des « premiers de cordée ». Les Cahiers du cinéma s’étonnent du « cliché risible de la pauvreté (un appartement en papier peint pelé) » oubliant peut-être que la vie dans de telles conditions est encore le quotidien de nombreux Français. Le Parisien, lui, dans une perspective dix-neuvièmiste, rejoue les procès de Baudelaire, Flaubert et Wilde en pourfendant des « séquences d’une vulgarité inouïe. ». Dans la continuité, Première, vitupéra les « dialogues outranciers » et « les personnages un peu moches, un peu lâches et globalement repoussants ».

Les médias aboyant, la transgression a bien eu lieu. Une transgression des plus détestables parce qu’elle redonne ses racines au cinéma français, en se détournant des critiques convenues sous couvert d’humour, pour revenir à nos fondamentaux : un cinéma contemplatif et romanesque alliant la perspective de contempler des corps désirables tout en ayant le plaisir d’avoir notre esprit assouvi par des dialogues aussi incisifs qu’aériens.

 


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