Le prince Philip, duc d'Édimbourg, salue la foule venue accueillir le groupe royal lors de la tournée du jubilé de diamant de la reine Élisabeth II au Royaume-Uni en 2012. ©Michael Garnett / Flickr

Le cercueil n’est pas encore fabriqué, le peuple britannique n’a pas encore pu expirer le premier souffle funeste de l’appréhension de la nouvelle. Le corps était encore chaud quand certains médias trouvèrent intéressant de maudire le nouveau défunt qu’est His Royal Highness Philip Mountbatten, duc d’Édimbourg et époux de la reine Élisabeth II.

 

La première salve a été donnée par les médias d’information en continu, exposant la vie et l’œuvre d’un homme d’exception et d’honneur narrée sur Billet de France. Tout se passait bien jusqu’à ce qu’advienne la partie de la nécrologie exposant les « bourdes » du prince.

 

Le Monde, France Info, Le HuffPost

Mais c’est peu de temps après qu’est advenu le florilège. La presse écrite s’est déchaînée, se soumettant à la culture de la repentance si chère à leur cœur (et à leur porte-monnaie) avant que le pauvre homme n’ait eu le temps d’expirer. La palme d’or de l’inconvenance revient au journal Le Monde titrant « Philip, prince des bourdes », diatribe quasiment lyrique réduisant à l’état d’aristocrate condescendant « voire de xénophobe ou de racis[t]e impérial » le prince Philip. L’article se propose de démontrer au travers d’un panégyrique inversé, à la gloire de la culture woke, le mauvais goût patent d’un prince consort doté d’un cerveau habilité à la mauvaise pensée. Le Monde a été suivi dans sa bêtise notamment par France Info avec son « Le prince Philip, roi des dérapages » et par Le HuffPost « Le prince Philip expert en blagues (de mauvais goût) ».

Voilà ce qu’a retenu une partie des médias français de la vie du prince Philip, modernisateur de la monarchie britannique, premier conseiller de la Reine Élisabeth II, fondateur du WWF au Royaume-Uni et marin remarquable.

 

Un manque de morale

Il ne s’agit pas de faire l’éloge du prince Philip mais de « rendre à César ce qui appartient à César ». En résumant ainsi la vie de l’un des plus grands britanniques du siècle dernier, les médias français se sont une fois de plus ridiculisés et soumis, de leur propre chef, à une idéologie. Ils ont ainsi, à ce titre, nié les principes élémentaires de la justice et de la morale européenne. Ils ont préféré la moraline, la mémoire, face à l’histoire. En hommes civilisés que nous sommes, nous saurons reprocher au prince ses défauts dans nos livres d’histoire mais aussi pleurer le grand homme qu’il fut, en cet instant. Le deuil n’admet pas l’idéologie, c’est la seule chose que nos journalistes devaient avoir à l’esprit, une fois encore c’est l’incorrection la plus totale qui prime. Mais comment leur en vouloir ? Après tout, « ils ne savent pas ce qu’ils font » !

« On fait aussi l’éloge de la loi de Solon qui défend de dire du mal des morts. La piété veut en effet qu’on regarde les défunts comme sacrés, la justice, que l’on ne s’attaque pas à ceux qui ne sont plus, et la politique, que les haines ne soient pas éternelles. ». (Vie parallèles, La Vie de Solon, Plutarque)

 


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