Pierre-Georges Latécoère dans son bureaux parisien avenue Marceau en 1927

Pierre-Georges Latécoère est un entrepreneur, pilote et ingénieur en aérospatiale français. A la tête du groupe qui porte son nom, il est l’un des chefs d’entreprise emblématique de l’entre-deux-guerres.

 

Né le 25 août 1883 à Bagnères-de-Bigorre, Pierre-Georges Latécoère est le fils de Gabriel Latécoère, propriétaire de deux petites centrales électriques et d’une scierie. Sa mère, qui possède un fort caractère, reprendra lors du décès de son mari la gestion de l’entreprise avec son fils.

 

Un élève brillant

Pierre-Georges Latécoère est un élève brillant. Il obtient son bac à 17 ans et possède de grandes facilités pour les langues étrangères. Étudiant au lycée Saint-Louis à Paris, il est reçu à l’École des Arts et Manufactures puis entre à l’École Centrale à 20 ans en 1903. Il en ressortira diplômé en 1906. Lors du décès de son père, il aide sa mère à la gestion de l’entreprise et totalise de nombreuses absences aux cours, ce qui l’oblige à négocier auprès de son école son fort taux d’absentéisme. Celle-ci lui octroie de passer ses examens à la rentrée ce qui l’oblige à rattraper les cours manqués durant ses vacances d’été.

 

Un entrepreneur sûr de lui

A la sortie de Centrale, il insuffle une nouvelle politique à l’entreprise familiale. « Maison G.Latécoère » se diversifie dans la fabrication de céramiques et de matériels roulants pour les tramways notamment pour les chemins de fer coloniaux. En 1911, il décroche une commande de 150 wagons/an. La première guerre mondiale arrive et il est réquisitionné pour servir dans l’armée. Bien que souffrant de myopie, le jeune entrepreneur sert comme auxiliaire dans l’artillerie avant d’être réformé, son général le considérant plus apte à servir son pays dans l’industrie plutôt que derrière un canon. De retour chez lui, il se lance dans la fabrication d’obus puis se tourne vers l’aéronautique, sa nouvelle passion. Deux nouvelles usines sont construites avec chacune leur activité propre. A la cadence de 6 appareils par jour, son usine fournira près de 800 avions à l’Armée française jusqu’à l’armistice de novembre 1918. Il est le premier entrepreneur à avoir fait de Toulouse un site aéronautique.

 

Les prémices de l’aéropostale

La même année, il pense à établir une liaison aérienne entre Toulouse et l’Amérique du sud en passant par l’Afrique. Les acteurs politico-économiques sont alors réticents à ce projet considéré comme dangereux : L’aviation vient tout juste de prendre son envol. Pour prouver la pertinence de son projet, il s’envole le 25 décembre 1918 avec son compagnon René Cornemont de Toulouse et relie Barcelone en passant par Perpignan. L’année suivante, il rejoint Rabat (Maroc) depuis Toulouse et se fait accueillir par le Résident général le Maréchal  Lyautey à qui il remet le journal Le Temps paru le matin même en France. Il repart 5 jours après avec le courrier de la Résidence qu’il transmet au Quai d’Orsay à Paris. En septembre 1919, il fonde les Lignes Aériennes Latécoère entre Toulouse et Casablanca, c’est la naissance de l’aéropostale.

 

Une aventure difficile

Le succès est au rendez-vous et la société devient la première compagnie de transport aérien française. Pourtant, les obstacles au projet sont nombreux : l’Espagne craint pour sa souveraineté aérienne. Les avions ne sont pas construits pour effectuer de longs trajets et souffrent d’un faible rayon d’action, obligeant la compagnie à multiplier les escales, qu’il faut sécuriser. Le moindre atterrissage forcé  dans le désert en Afrique du Nord a pour conséquence la capture des équipages par les tribus maures alors en rébellion. Ils ne les rendent que contre de fortes rançons.

La société devenue entre-temps la Compagnie générale aéropostale n’est pas rentable et vit grâce aux subventions de l’État. Pour soutenir financièrement le projet, Pierre-Georges Latécoère vend son contrat de de 11 000 wagons, la partie ferroviaire ainsi  qu’une partie des établissements de Montaudran à la Société Lorraine-Dietrich. L’aventure se poursuit et les pilotes de la société tels que Jean Mermoz ou Antoine de Saint-Exupéry réalisent des exploits que ce dernier raconte dans certains de ses ouvrages tels Courrier Sud (1929) ou encore Vols de nuit (1931). C’est ainsi que Jean Mermoz effectue la première liaison postale aérienne à travers l’atlantique sud en 1930.

 

Une volonté d’indépendance

En 1936, Pierre-Georges Latécoère s’oppose à deux tentatives de nationalisation. Il souhaite rester un constructeur indépendant et refuse les propositions de l’État français de prendre la direction de la société nationalisée. En 1939, malgré sa maladie qui le fait souffrir, le centralien continue de voyager, passionné par son projet aérien. Alors que la guerre est déclarée, il vend ses usines à son concurrent Breguet et ne garde que le projet de transatlantique lourd. Lors de l’invasion allemande, ses usines sont occupées et ses avions capturés. Deux prototypes d’hydravions ont été conçus juste avant la guerre. L’un sera saisi par les allemands tandis que l’autre sera soigneusement camouflé et ressortira à la Libération. Surnommé Latécoère 631, il est l’hydravion transatlantique le plus gros au monde à faire une activité commerciale.

L’état de Pierre-Georges Latécoère s’aggrave brutalement début août 1943 alors qu’il se trouve dans ses bureaux avenue Marceau à Paris. Transporté à l’hôpital, il décède deux jours plus tard le 10 août 1943.

Il est commandeur de la Légion d’honneur depuis le 23 août 1925, officier de l’ordre Léopold (Belgique) depuis le 10 mars 1921 et commandeur de l’ordre du Ouissan alaouite (Maroc) depuis le 10 octobre 1922.

 


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