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«Génération fracassée» de Maxime Lledo : chronique d’un naufrage continuel

Maxime Lledo dans l'émission de Patrick Simonin sur TV5 Monde. Capture d'écran YouTube. ©L'invité

Le 3 mars 2021 sortait Génération fracassée, plaidoyer pour une jeunesse libre !, aux Editions Fayard. Premier ouvrage de Maxime Lledo, étudiant en sciences politiques et chroniqueur célèbre des Grandes Gueules (RMC). Cet essai est une véritable virée au cœur du mal-être et du mal-vivre de la toute jeune génération Z.

 

Dès la page introductive, le ton est donné. Quatre citations (Camus, Bernanos, Chateaubriand et Gary) mettent en scène l’importance de la jeunesse et de la nouveauté dans un monde en voie de vieillissement et de conformisme ascendant. Deux thèmes dont cet ouvrage fait belle part !

 

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D’une part, la critique du boomer insupportable qui a vécu dans une époque bénie des dieux et qui passe sa journée à vilipender une jeune génération qui se bat face à un chômage grandissant et accepte de subir une crise économique majeure pour préserver la vie de ceux qui les insultent.

D’autre part, une injonction à la vie et à l’anticonformisme, notamment résumée dans la sentence suivante : « Que personne ne se sente frileux d’exprimer une opinion, surtout quand elle n’est pas dans l’air du temps. » (p. 191). Véritable engagement à la seule rébellion valable dans une société gangrenée par le pathos, la pensée.

 

Une précarité étudiante

Mais loin de ces réjouissances, le texte de Maxime Lledo dépeint aussi le monde froid et mortifère que les étudiants subissent quotidiennement. Si un renouveau de la jeunesse est nécessaire, c’est bien parce que les rameaux de la vie semblent desséchés. Ce livre dépeint, exemples à l’appui : la crise scolaire à laquelle nous faisons face (mention spéciale aux « consignes techniques plus difficiles à comprendre que l’examen lui-même » [NDLR : relatif aux partiels]), le suicide des étudiants, la précarité étudiante, la fracture numérique, et la précarité sentimentale et sexuelle, « extension du domaine de la lutte », pour paraphraser Michel Houellebecq. Le récit de vie d’une étudiante est particulièrement touchant, celui d’Émilie, 19 ans, qui doit partager son temps entre ses études et un emploi et qui, depuis la crise de la Covid, a dû vendre ses vêtements et ses outils informatiques afin de garder le niveau de vie minimal décent pour vivre.

 

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Les conséquences de la gestion désastreuse de la crise sanitaire sont aussi exposées. Preuve en est ce trait d’esprit qui devrait en contenter plus d’un : « Il faut être aveugle, ou énarque, pour ne pas s’apercevoir que des milliers d’étudiants se sont retrouvés brutalement sans moyens financiers pour subvenir à leurs besoins » (p. 35). La vision liberticide de nos « gestionnaires » est aussi détaillée au fil de ces pages.

Les dérives idéologiques rongeant la jeunesse sont enfin évoquées, notamment la « pensée » décolonialiste de Camélia Jordana et Rokhaya Diallo et la cancel culture (culture de l’effacement) prônant le retrait d’œuvres classiques en général (ici Les Métamorphoses d’Ovide) afin de ne pas traumatiser des personnes ô combien émotives.

 

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En somme, un petit livre (196 pages) qui nous remémore les traits saillants de cette sombre période, de son caractère désastreux pour la jeunesse, mais aussi une ode d’espoir à destination de la population estudiantine. Un livre intéressant qui se complète avec l’anthologie présentée par François-Xavier Bellamy aux Éditions Flammarion : A la jeunesse, De Saint-Exupéry à Steve Jobs, de grandes voix appellent à vivre intensément.

Et n’oubliez pas : « Faites que la beauté reste, que la jeunesse demeure, que le cœur ne se puisse lasser et vous reproduirez le ciel. » François-René de Chateaubriand

 


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