Azerbaïdjan : Amnesty International dénonce une intensification des violations des droits humains
Publié le 11/08/2025

Portrait officiel d'Ilham Aliyev, président de l'Azerbaïdjan depuis 2003.
Le dernier rapport 2024-2025 d’Amnesty International, publié en avril, alerte sur une aggravation inquiétante de la situation des droits humains en Azerbaïdjan. Répression politique, censure médiatique, impunité judiciaire et atteintes aux libertés fondamentales y persistent sans relâche.
Le dernier rapport d’Amnesty international est sévère contre la république d’Azerbaïdjan. Selon l’organisation, Bakou a connu une nouvelle année sombre sur le plan des droits fondamentaux. Les autorités ont durci la répression contre les défenseurs des droits humains, les journalistes et les ONG, tout en entravant toute forme de surveillance indépendante, notamment lors de la présidentielle anticipée de février 2024, remportée par le président sortant dans un climat de faible pluralisme.
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Plusieurs figures de la société civile, dont Anar Mammadli, lauréat du Prix des Droits de l’Homme Václav Havel 2014 de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), ont été emprisonnées sur la base d’accusations montées de toutes pièces selon l’ONG. Une quinzaine de journalistes restent détenus de manière arbitraire, accusés d’infractions financières. Parmi eux, les membres du média d’investigation, Abzas Media, risquent jusqu’à 12 ans de prison. En mars, une opération policière a visé des médias comme Toplum TV, marquant un nouveau coup de filet contre la liberté d’expression.
Un régime autoritaire
Amnesty International dénonce le fait que la torture et les mauvais traitements, déjà répandus, restent impunis. Le Comité européen pour la prévention de la torture a publiquement dénoncé le refus de coopération du gouvernement et l’usage généralisé de violences policières, d’aveux forcés et de pressions psychologiques.
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Alors que l’Azerbaïdjan a accueilli la COP29 en novembre 2024, des inquiétudes pèsent également sur l’instrumentalisation de l’événement. L’ONG révèle ainsi que des membres du comité d’organisation sont soupçonnés d’avoir voulu conclure des contrats liés aux énergies fossiles. L’accord avec le pays hôte reste secret, et les garanties en matière de droits humains semblent absentes. « L’accord avec le pays hôte n’a jamais été rendu public, mais une version du texte qui a filtré montrait que les droits humains n’y étaient pas sérieusement protégés » pointe le rapport.
Enfin, le redémarrage en août 2024 de l’exploitation de la mine d’or de Söyüdlü, malgré des risques sanitaires et environnementaux dénoncés par la population, illustre le peu de cas fait par les autorités des droits environnementaux.
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Dans le conflit du Haut-Karabakh, l’impunité reste aussi la règle. Amnesty critique le refus de Bakou de reconnaître les conséquences humanitaires de sa politique d’enclavement, qui a conduit au déplacement forcé de plus de 100 000 personnes arméniennes en 2023. En dépit des progrès symboliques dans les négociations de paix avec l’Arménie, la situation intérieure de l’Azerbaïdjan témoigne d’un recul systémique des libertés. L’ONG appelle la communauté internationale à ne pas fermer les yeux sur ces violations.
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