« Chat control » : un « Big Brother » européen pour surveiller les messageries privées
Publié le 10/09/2025

Le Parlement européen votera le 14 octobre ce projet de règlement.
Pour protéger les enfants des dangers d’Internet, l’Europe souhaite mettre en place un « Chat control ». Le démantèlement, en mai 2025, d’un vaste réseau pédocriminel par l’administration Trump a remis ces enjeux au premier plan de l’actualité.
Un projet de loi controversé, présenté dès mai 2022 par la Commission européenne, vise à obliger les plateformes de messagerie — y compris celles utilisant le chiffrement de bout en bout comme WhatsApp ou Signal — à scanner automatiquement les messages privés des utilisateurs pour détecter des contenus pédopornographiques ou des comportements de grooming (séduction de mineurs). Relancé sous la présidence danoise en juillet 2025, ce texte fait l’objet d’un vote prévu le 14 octobre prochain. Et il inquiète.
Des motivations légitimes…
Les défenseurs du « Chat control » mettent en avant l’urgence de renforcer la lutte contre la pédopornographie grâce aux nouvelles technologies, notamment l’intelligence artificielle. Certains pays et ONG estiment ainsi qu’il pourrait s’agir d’une première étape vers une véritable structuration juridique de la détection des comportements déviants. D’autres pays, comme la Pologne, adoptent cependant une position plus modérée, privilégiant une détection ciblée plutôt qu’un contrôle systématique.
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Aux États-Unis, l’administration Trump a mené plusieurs opérations marquantes contre la pédocriminalité — telles qu’Operation Restore Justice, Grayskull ou Dragon Eye — avec des résultats tangibles en matière d’arrestations et de secours d’enfants. Ces succès reposent sur une mobilisation rapide et coordonnée, combinant agences fédérales, locales et procureurs, et sur une capacité à intervenir jusque dans les zones les plus obscures du dark web.
… Mais risquées
De son côté, le service juridique du Conseil de l’UE a ainsi dénoncé une atteinte grave aux droits fondamentaux et à la vie privée, avertissant que ce type de dispositif pourrait ouvrir la voie à une surveillance généralisée des populations et à des risques accrus pour la protection des données. Le Parlement européen insiste quant à lui pour que toute mesure soit adaptée, proportionnée et respectueuse du chiffrement.
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Ce « Chat control » ou surveillance généralisée, pourrait devenir une véritable porte d’entrée pour des acteurs malveillants, compromettant la sécurité des données personnelles. Les experts mettent également en garde contre un risque d’escalade : une telle infrastructure pourrait, à terme, servir de nouvel outil de contrôle pour des États déjà très présents dans la sphère numérique.
Niveau technologie, celle que nous connaissons actuellement manque de fiabilité, notamment face au volume d’informations erronées générées par l’IA : fausses alertes, images truquées, signalements abusifs… De leur côté, les forces de l’ordre redoutent de ne pas être en mesure de gérer l’afflux de notifications qui découlerait d’un tel système, compte tenu de leurs moyens actuels.
L’enjeu sera de trouver un équilibre entre la sécurité des plus vulnérables et la préservation des droits fondamentaux. Un défi de taille, alors que se profilent de nouvelles échéances électorales et législatives.
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