Guerre en Ukraine : appel à la vocation spirituelle du peuple russe
Publié le 03/03/2022
L’Histoire abreuve les pensées humaines dans son intégralité, qu’elles soient politiques, philosophiques ou spirituelles. A la lumière des évènements dramatiques dont souffre l’Ukraine, le regard doit être porté à travers ce que l’Europe occidentale ne sait plus cultiver : le spirituel. Si les décisions d’un Etat sont d’abord le fruit de la volonté de ses dirigeants, le peuple n’est pas moins responsable dans l’édification du monde, et ce grâce à sa force spirituelle. Le peuple russe aussi.
Peuple russe, te voilà coupable. Le monde te regarde et retient son souffle, devant le drame dans lequel tu t’élances. Et la sentence est désormais tombée et les foules te bannissent. Tu n’as pas cédé devant les sirènes du monde moderne, tu as voulu montrer aux yeux des peuples ta force après tant d’années de servitudes et, à nouveau, tu risques la condamnation. L’injure sertit sur ton front depuis que tu as mis au tombeau ta foi en 1917, tu pensais t’en être débarrassé. Tu croyais que, affranchi de la pensée dégradante d’êtres sans foi ni lois, ta dignité allait être reconnue par les puissances européennes. Mal t’en a pris de croire que l’Occident allait te faire cet hommage. Car tu as choisi de retrouver le chemin de la grandeur à travers celle de la force et de la foi. Vois le fossé qui s’est creusé entre l’Occident et toi. Tu as cru à nouveau en l’éternité, nous, nous croyons seulement en l’humanité. Ces deux parties d’une même espérance qui faisaient la grandeur de nos peuples, se retrouvent face à face, comme deux âmes se cherchant dans le noir. Incompris l’une de l’autre, nous risquons de nous blesser mortellement tous deux, fautes de nos frustrations réciproques. L’un crie inlassablement sa douleur d’être mis au ban de ses frères, tandis que l’autre ferme les yeux sur ses propres faiblesses, refusant de contempler son frère grandir dans la foi pour ne pas voir qu’elle perd la sienne.
La terreur et les larmes
Mais si nos erreurs sont bien là, peuple russe, tu as cru pouvoir vainement te défaire des tiennes. Et les voilà qu’elles reviennent sous le masque de la terreur et des larmes. Le labeur de toute une génération qui s’est libérée de la longue période soviétique et athée risque de devenir une peine de plus. Devant les frustrations et les rancœurs, l’homme risque de tomber dans les mêmes péchés. Il en est de même pour une nation. Ta foi te sauve, mais, si tu la perds, elle te condamne à revenir à ton état antérieur, la mort. Votre réveil, après un lent sommeil bercé par les mensonges et les utopies, risque de ne point durer. Et si les calomnies sont malheureusement l’apanage des peuples bouffis par leur égocentrisme, le mensonge revient à grands pas dans cette guerre qui ne dit pas son nom. Pensant vous défendre des chimères de notre monde, vous voilà amené à écraser le voisin pour éviter qu’il devienne le bras armé du temple du Progrès, à savoir la nation américaine. Mais dans toute situation dégradée, il faut en revenir aux fautes de chacun. Sans un examen de conscience, aucune paix ne peut advenir.
Et dans ce cataclysme, les contradictions se font jour. Les Etats-Unis, faux prophète de la paix et de la sécurité, en vient à allumer les mèches de la discorde pour ensuite tirer profit du butin. L’Ukraine, nation fière, s’est retrouvée tiraillée entre l’Union Européenne et les Etats-Unis d’un côté, la Russie de l’autre. En est venu une guerre fratricide dont les régions de l’Est ont beaucoup souffert depuis plusieurs années, dans l’indifférence générale des Etats européens. Le fruit pourrissait, l’Occident attendait qu’il tombe entre les mains des Etats-Unis, mais la Russie s’est mise sous l’arbre. Enfin, l’Europe occidentale, évacuant l’histoire et son cortège de tragique et de sublime s’est laissée bercer par son propre enivrement. La richesse endurcit les cœurs, comme le confort amollit la raison. L’Occident veut se croire plus forte dans l’assouvissement de ses désirs les plus vils, l’amenant à faire la leçon à ceux qui n’accepterait pas une vision déracinée et désacralisée du monde ; les peuples d’Europe centrale le savent bien. Et voilà que nos Etats si condescendants devant les âmes qui font rimer peuple avec patrie, en viennent à applaudir sans rougir la lutte d’un pays pour garder son intégrité en tant que nation, avec ses frontières, ses lois, sa foi. Lourde est donc la responsabilité de chacun devant les périls à venir.
Des peuples frères
Mais, peuple russe, souviens toi que tu es sorti des bords du Dniepr, et que l’Ukraine est faite du même sang que toi. Tout les deux vous avez traversé la violence et la barbarie du communisme et du nazisme, sans renoncer à votre fierté nationale. Ainsi, votre vocation commune ne peut advenir par l’écrasement de l’une ou de l’autre, mais au contraire par l’aspiration au même désir, celui de redonner de la lumière à l’Occident. L’Ukraine ne doit pas sombrer dans le matérialisme occidental et le nationalisme moribond, et la Russie dans ses retranchements totalitaires et impérialistes. Ces deux états détruisent toute possibilité de paix et enlèvent aux peuples leurs vocations spirituelles. Car oui, ce que toi, peuple russe, tu dois impérativement retrouver et garder, c’est bien ta foi. Celle qui a fait la grandeur de l’Occident et dont seul l’Europe de l’Est en est aujourd’hui le dépositaire. Le peuple russe doit être la première des nations à redonner vie à l’Europe qui se meurt lentement mais sûrement. Le sang de l’Ukraine doit être la source d’un renouveau de la foi russe et son Eglise doit revenir aux sources de son baptême, celle de Rome. Des hommes à l’Ouest veulent croire qu’il existe une Sainte Russie et que l’espérance viendra de l’Est.
Ainsi, peuple russe, notre destin est lié au tien, et tu sais au fond de toi que le chemin qu’empruntent tes chefs peut mener au cercueil. La souffrance ukrainienne est la manifestation de l’appel à l’unité de l’Europe pour vaincre les ennemis de demain. Saches que ce n’est pas l’Union Européenne, ni la démocratie et le progrès qui retrouvent de la vigueur, mais bien l’idée d’une Europe grande, belle et spirituelle encadrée par deux sentinelles, deux anciens empires, deux Filles ainées de l’Eglise d’Orient et d’Occident, la France et la Russie. Désormais, le pire comme le meilleur est à venir pour nos deux mondes qui n’aspirent pourtant qu’à l’unité. Mais elle ne le peut que par une seule chose, la foi.
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