Shein au BHV : quand la polémique dit plus sur la France que sur la mode
Publié le 08/10/2025

La Pologne a accueilli son premier magasin Shein à Varsovie en 2024. @DMCGN
Shein, la marque chinoise de mode à petits prix, va ouvrir ses premiers magasins en France au BHV Marais à Paris et dans les Galeries Lafayette de cinq autres villes françaises, dont Grenoble, provoquant des réactions partagées.
L’annonce de l’ouverture d’un corner Shein au BHV Marais a déclenché un torrent de réactions, souvent outrées, rarement nuancées. Beaucoup y voient une provocation : comment un grand magasin parisien, symbole du commerce à la française, peut-il accueillir le géant chinois honni pour sa « fast fashion » ? Pourtant, il s’agit là d’une adaptation nécessaire à l’évolution du marché, à même de redonner de l’attractivité à des espaces de vente qui peinent à se réinventer.
Une marque qui séduit les plus jeunes
Derrière les cris d’orfraie de quelques responsables politiques et syndicaux, la réalité économique est simple : Shein attire, vend, séduit une clientèle jeune, connectée et sensible à l’argument du prix. La Société des Grands Magasins, propriétaire du BHV, assume ce choix stratégique : attirer un public nouveau, moderniser l’expérience d’achat et faire entrer dans ses murs une marque devenue incontournable, ayant déjà séduit plus de 23 millions de Français.
LIRE AUSSI → Un musée Hector Guimard ouvrira en 2027 à l’hôtel Mezzara, chef-d’œuvre de l’Art nouveau
La polémique, au fond, en dit plus sur la société française que sur Shein elle-même. Car l’indignation ne vient pas tant des consommateurs que des élites médiatiques et politiques. D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, nombre d’internautes ont raillé cette indignation « de salon », soulignant que la majorité silencieuse continue, elle, à acheter en ligne sans culpabilité. La fracture est moins commerciale qu’idéologique : d’un côté, ceux qui condamnent la mondialisation ; de l’autre, ceux qui s’en accommodent parce qu’elle leur permet, tout simplement, de consommer – et en l’occurrence de s’habiller.
LIRE AUSSI → Logiciels espions: les États-Unis sont devenus les premiers investisseurs mondiaux
Shein devient ainsi le miroir d’un malaise collectif : celui d’un pays qui dénonce la mondialisation tout en profitant de ses avantages, qui fustige le capitalisme globalisé, la digitalisation à tout crin, mais s’offusque aussi quand ces mêmes marques décident d’irriguer l’économie réelle en ouvrant des boutiques. En s’installant au BHV, le géant chinois n’a pas seulement ouvert un point de vente : il a ouvert un débat – sur notre rapport au commerce, à la morale et à la cohérence de nos indignations.
Vous avez apprécié l’article ? Aidez-nous en faisant un don ou en adhérant