L’armée française va bientôt recevoir ses premières munitions téléopérées Damoclès
Publié le 07/07/2025

La gamme MATARIS comprend quatre types de munitions télécommandées dont le MX-10 Damoclès. @KNDS France
Fruit d’un développement accéléré, ces premières munitions téléopérées (ou drones kamikazes) fabriquées en France seront livrés dès juillet. Elles marquent un tournant technologique et doctrinal majeur pour les forces terrestres.
En seulement douze mois, la France est passée de la contractualisation à la livraison opérationnelle de ses premières munitions téléopérées. La Direction générale de l’armement (DGA) a confirmé, à l’occasion du Salon du Bourget, que les 30 premiers systèmes Damoclès seront livrés à l’armée de Terre avant le 14 juillet. Conçue et fabriquée par la PME toulousaine Delair et le groupe KNDS France, cette munition téléopérée (MTO) marque l’entrée des forces françaises dans une nouvelle ère, celle des drones kamikazes tactiques.
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Doté d’une portée de 10 km, d’une autonomie de 40 minutes et d’une tête militaire de 500 grammes, le MX-10 Damoclès pourra être déployé rapidement par l’infanterie et la cavalerie. Sa mise en œuvre, via une tablette de contrôle durcie, promet une prise en main rapide et une utilisation en moins de cinq minutes sur le terrain.
Des performances modulables et évolutives
Le MX-10 Damoclès reprend des briques technologiques éprouvées lors du projet Colibri et les adapte aux besoins spécifiques de l’armée française. Sa charge peut être récupérée en toute sécurité en cas de non-détonation, et sa boule optronique bi-canal – complétée par une vision infrarouge – autorise des opérations de jour comme de nuit. Trois modes de vol sont disponibles, du pilotage automatique par points de passage au guidage manuel avancé de type FPV, en fonction de la situation et du niveau de formation des opérateurs.
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La DGA a volontairement engagé une qualification progressive, en privilégiant la sécurité et la rapidité de prise en main. Les premières évaluations avec des systèmes inertes ont laissé place à des essais en conditions réelles, dont un ultime tir actif en juin sur le site de Bourges. La validation technique ouvre désormais la voie à des livraisons successives jusqu’à fin 2025, pour atteindre un total de 460 MTO.
Une montée en puissance appelée à se poursuivre
Ces premières séries ne sont qu’un jalon. Le ministère des Armées prévoit l’acquisition de 2 000 munitions téléopérées sur la période 2024-2030, un volume qui pourrait encore croître face à la multiplication des menaces et à la nécessité de disposer d’un parc régulièrement renouvelé.
Face aux capacités de brouillage toujours plus sophistiquées des adversaires, le système Damoclès ne restera pas figé. Des évolutions sont déjà envisagées, qu’il s’agisse d’améliorer la robustesse des liaisons de données ou de concevoir des variantes filaires. La tête militaire elle-même pourrait être optimisée au fil des retours d’expérience et des avancées industrielles.
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La filière française se dit prête à relever le défi. Le site KNDS de La Chapelle-Saint-Ursin, qui produit déjà les charges militaires, pourrait monter en cadence et passer à plusieurs centaines d’unités par mois. Une dynamique qui s’inscrit dans une volonté partagée : concilier production de masse, adaptation permanente et souveraineté technologique.
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