France-Maurice : un rapprochement des relations bilatérales est nécessaire
Publié le 18/10/2025

Selon la Banque mondiale, le PIB par habitant de Maurice avoisinait les 15 000 dollars en 2024. @Fatih Turan
Située dans l’Océan indien, l’Île Maurice possède une position dominante à côté de l’île de la Réunion. Depuis son indépendance en 1968, l’économie de l’île a été de nombreuses fois qualifiée de « miracle mauricien ». Un rapprochement des relations avec la France s’avérerait stratégique.
« Tant que les Français tiendront l’Isle de France, les Anglais ne seront pas les maîtres de l’Inde », déclarait en 1761 William Pitt, alors Premier ministre britannique. Cette sentence séculaire, prophétisant l’importance géopolitique de l’île Maurice pour la maîtrise de l’océan Indien, vrombit aujourd’hui d’une actualité singulière.
Plus de deux siècles plus tard, à l’ère d’un Indopacifique devenu le foyer des rivalités mondiales, la relation entre Paris et Port-Louis a cheminé jusqu’à cette bretelle historique : héritière d’un récit entrecroisé, de l’ancienne Isle de France du XVIIIe siècle aux liens humains et culturels contemporains, cette relation enjoint dorénavant un double saut périlleux, diplomatique et stratégique, hautement qualitatif.
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La France et Maurice doivent impérieusement sceller un accord bilatéral de sécurité sociale et initier un tout nouveau partenariat stratégique, à la hauteur tant de leur passé partagé que des gants à relever dans cet avenir se rapprochant de plus en plus. Il en va de la prospérité même de leurs peuples, de la stabilité de la région de l’Océan Indien et d’une certaine idée de la coopération internationale, fondée sur la confiance et l’intérêt bien compris, au sens tocquevillien du terme, bien évidemment.
Une communauté de destin copieusement imbibée d’histoire et de culture
L’histoire franco-mauricienne est florissante d’une proximité fort surprenante. Colonisée par la France jusqu’en 1810, puis passée sous administration coloniale britannique, Maurice a conservé de bien profondes attaches avec la culture française. Aujourd’hui encore, la France demeure le premier investisseur étranger à Maurice et y maintient une influence linguistique et culturelle vivace, bien que le français n’ait pas statut officiel dans la République mauricienne.
Ce socle historique et humain a façonné une communauté de destin que rien − pas même l’éloignement géographique ou la valse des empires− n’a pu dissoudre. À l’instar de Léopold Sédar Senghor, homme d’État franco-sénégalais, poète, écrivain et premier président de la république du Sénégal, évoquant la « civilisation de l’universel », France et Maurice participent d’un « rendez-vous du donner et du recevoir » cher aux penseurs de la Francophonie, voire de la Francophilophonie. Chacun apporte à l’autre sa contribution : la diaspora mauricienne en France (environ 16 000 ressortissants officiellement inscrits) enrichit le tissu économique et social hexagonal, tandis qu’une importante communauté française (plus de 10 000 résidents, dont 3 000 retraités) s’est établie à Maurice, contribuant au dynamisme socioéconomique et culturel local.
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Ces échanges humains intenses, combinés à l’héritage francophone et aux valeurs partagées − démocratie parlementaire, état de droit, multilinguisme, etc. − inventent un lien unique et chevillé au corps des deux nations. Or, qui dit communauté humaine dit nécessité de protéger les personnes qui la composent ; c’est ici qu’intervient l’exigence d’un pacte social bilatéral à formaliser afin que cette communauté de destin se traduise en droits concrets.
L’alliance stratégique incontournable des enjeux dans l’Indopacifique
Dans le grand jeu géopolitique actuel, l’océan Indien est redevenu un pivot stratégique. La montée en puissance de la Chine et le rééquilibrage de l’Inde transforment l’Indopacifique en un théâtre de compétition intense. Maurice, de par sa position au cœur nucléaire de cet océan, occupe une place sensiblement disproportionnée par rapport à sa taille. Longtemps considérées comme la chasse gardée de l’Inde, les îles de la région − Maldives, Seychelles, Maurice − sont désormais âprement courtisées par la Chine, en quête de points d’appui maritimes ou de perles à enfiler dans son collier.
Maurice est ainsi devenu l’un des maillons de ce fameux “collier de perles” stratégique que Pékin brode autour de l’Inde et du continent africain. Face à cette rivalité sino-indienne et, plus largement, à la multiplication des appétits dans l’Indopacifique, la France se doit d’affirmer sa présence et ses partenariats. Puissance riveraine grâce à La Réunion et Mayotte, la France dispose dans la zone de 1,65 million de citoyens ultramarins ainsi que 93 % de sa zone économique exclusive. Elle y déploie des forces militaires significatives (près de 8 300 soldats pré-positionnés) et promeut activement un ordre multipolaire fondé sur le droit.
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Dans ce contexte, l’établissement d’un partenariat stratégique franco-mauricien revêt une importance fondamentale. Raymond Aron, analyste lucide de la Realpolitik, nous rappelle qu’aucune puissance ne peut préserver seule sa sécurité ; « l’équilibre des puissances est le seul mode de régulation susceptible d’assurer non pas la paix, mais une stabilité et un ordre internationaux ». Une union avec Maurice renforcerait justement l’équilibre régional face aux influences extrarégionales : elle consoliderait un arc de partenaires partageant les mêmes valeurs : démocratie, multilatéralisme, liberté de navigation, et offrirait à la France un relais local de premier plan, complémentaire de ses liens avec l’Inde ou l’Afrique du Sud.
Réciproquement, Maurice gagnerait, par cette alliance, un appui stratégique pour diversifier ses coopérations et garantir sa sécurité face aux pressions des grandes puissances − en particulier sur les questions maritimes, notamment la surveillance des voies commerciales, la lutte contre la piraterie et la pêche illicite, et bien sûr la protection environnementale, où la Marine française excelle. Une telle synergie servirait de multiplicateur de puissance pour les deux pays, leur permettant de peser bien davantage ensemble qu’isolément dans l’architecture Indopacifique. La France, puissance d’Outre-mer, et Maurice, “petit État insulaire en développement” influent, ont tout à gagner à formaliser un partenariat géostratégique audacieux, englobant défense, intelligence économique et stratégique et coopération diplomatique accrue dans les enceintes internationales.
Concrètement, un partenariat de cette nature s’articulerait autour de volets complémentaires et étroitement liés : d’abord, sur le volet sécurité et défense maritime, il s’agirait non seulement de multiplier les exercices navals conjoints et le partage de renseignements pour contrer trafics illicites et terrorisme dans l’océan Indien, mais aussi de développer des cellules de coordination permanent basées à Port-Louis et à La Réunion, afin d’assurer une veille opérationnelle en 24/7 et de former des équipes communes aux techniques de lutte asymétrique. En matière de développement économique durable, la France et Maurice s’engageraient dans un vaste programme de cofinancement d’infrastructures portuaires, d’installations d’énergie marine, telles les hydroliennes de petite taille et de réseaux numériques à haut débit, tout en créant un fonds bilatéral pour soutenir les PME locales et favoriser leur intégration aux chaînes de valeur européennes via l’Agence française de développement(AFD) notamment.
Côté enseignement et culture, la mise en place d’instituts universitaires francomauriciens et l’octroi de bourses croisées permettraient de consolider le bilinguisme français-anglais et de faire de Maurice un pôle d’excellence régional, prolongement vivant de l’idéal senghorien d’échanges culturels, approfondissant simultanément les liens avec la Francophonie et avec le Commonwealth. Enfin, face aux enjeux climatiques, la coopération scientifique inclurait des programmes de recherche conjoints sur la protection des récifs coralliens, le suivi télédétecté de l’élévation du niveau marin, l’acidification des océans, des cyclones de plus en plus violents et la conception de plans d’adaptation pour les populations insulaires ; coordonnés dans les instances internationales, ces efforts renforceraient la voix des petits États vulnérables, faisant de l’alliance franco-mauricienne un modèle de solidarité océanique.
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Une alliance formalisée dans ces domaines donnerait corps à une vision partagée de l’Indopacifique. Elle prolongerait la stratégie française d’axe Indopacifique annoncée à Saint-Denis de La Réunion en 2019, en y intégrant pleinement Maurice aux côtés des grands partenaires régionaux, tels que Inde, l’Australie, le Japon, voire l’organisation associative politico-économique et culturelle regroupant les dix pays de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). On discernerait ainsi les contours d’un quadrillage stratégique alliant puissance militaire française et diplomatie d’influence mauricienne – cette dernière n’étant pas négligeable, Maurice ayant jadis siégé au Conseil de sécurité de l’ONU et exercé un leadership au sein de l’Union Africaine.
Une telle intégration de Maurice dans l’orbite stratégique de la France, librement consentie et mutuellement bénéfique, serait l’illustration même de ce que le Président Senghor appelait de ses vœux : « l’Assemblée des peuples pour construire un universel réconcilié ». Cette alliance, loin de tout esprit néocolonial, s’inscrirait, à contrario, dans une démarche de coviabilité régionale, où chaque État, quelles que soient sa taille et son histoire, apporte sa pierre à l’édifice commun de la sécurité et de la sûreté collective.
L’impératif de justice et d’efficacité passera par une portabilité des droits sociaux ou ne passera pas
Au-delà de la grande stratégie, l’autre pendant palpable d’un rapprochement franco-mauricien renouvelé doit être, nous y croyons fermement, et comme nous l’avons annoncé ci-devant, la conclusion d’un accord de sécurité sociale bilatéral. Actuellement, il n’existe aucune convention de sécurité sociale entre la France et Maurice – un vide juridique et statutaire lourd de conséquences pour les personnes concernées. En l’absence d’un tel accord, un travailleur mauricien partant en emploi en France ou un retraité français installé à Maurice voit ses droits sociaux fragmentés, au risque de perdre certaines prestations ou de cotiser doublement.
Certes, les expatriés français peuvent adhérer volontairement à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) pour maintenir un lien avec la sécurité sociale française, mais cette solution unilatérale demeure insuffisante et fort coûteuse, tandis que les Mauriciens en France ne peuvent faire valoir infine leurs années de cotisation auprès du régime mauricien. Cette situation freine la mobilité des talents et engendre des iniquités flagrantes – en contradiction frontale avec le principe d’égalité de traitement cher au droit international du travail. La comparaison internationale offre pourtant des modèles éprouvés pour surmonter ces écueils. L’Union européenne, en pionnier, a instauré depuis des décennies un système de coordination multilatérale de sécurité sociale garantissant la portabilité des droits et le principe de totalisation des périodes de cotisation d’un pays à l’autre.
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La jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne a même consacré l’obligation de non-discrimination et le droit pour chaque citoyen mobile de bénéficier des prestations acquises, quelle que soit sa mobilité intra-européenne. Hors UE, nombre d’États ont opté pour des accords bilatéraux dans une optique de coordination de leurs législations et protéger leurs ressortissants.
La France, à elle seule, a conclu de telles conventions avec 73 pays dans le monde, couvrant 83 % de sa population expatriée. Ces accords visent typiquement à éviter la double affiliation ,à totaliser les périodes de cotisation pour la retraite, à exporter certaines prestations et à lever les clauses de résidence qui empêcheraient le versement des pensions à l’étranger. Ils reposent sur des principes de réciprocité et de coordination qui, tout en respectant la souveraineté de chaque régime national, établissent un pont juridique entre les deux pays au bénéfice de leurs citoyens respectifs.
Une plateforme stratégique dans l’océan Indien
Dans le cadre de sa stratégie Indopacifique, la France multiplie les initiatives depuis ses territoires ultramarins, mais demeure curieusement muette sur l’intégration de Maurice, membre souverain de la Commission de l’Océan Indien et de l’Association des États riverains de l’océan Indien (Indian Ocean Rim Association, IORA). La projection navale française dans la zone − avec escales de frégates et exercices conjoints − gagnerait à s’accompagner d’un cadre de coopération civilo-militaire formalisé, incluant la formation, la recherche océanographique, la sûreté et la sécurité maritime. Un tel partenariat, assorti d’une convention de sécurité sociale pour les personnels affectés, offrirait une continuité de droits, tels que la retraite, l’invalidité, les soins, etc., et renforcerait la crédibilité opérationnelle de la Marine nationale face aux enjeux sino-indiens de la région.
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Par ailleurs, l’implantation de centres de recherche conjoints – sur la modélisation des récifs coralliens, la gestion des ressources halieutiques ou encore la résilience côtière – s’inscrirait dans un programme d’économie bleue cofinancé par un fonds vert bilatéral. D’aucun pourrait même imaginer les équipes, françaises et mauriciennes, bénéficiant d’un « passeport social numérique » dont la blockchain assurerait la traçabilité et la sécurisation de leurs droits ; véritable manufacture du futur pour la coordination sociale de demain.
L’urgence de la relance, car les contre-exemples africains sont légion
De la région du Sahel jusqu’au golfe de Guinée, c’est l’architecture même des fidélités anciennes et la géopolitique africaine qui se décomposent et se recomposent avec la soudaineté, la gravité sourde et l’irréversibilité d’un basculement tectonique : ici, des bases naguère pivots de projection stratégiques sont restituées, là des accords militaires séculaires et de défense sont dénoncés, abrogés, ailleurs encore, des coopérations culturelles et éducatives sont suspendues comme autant de gestes d’exorcisme postcolonial.
De Bamako à Niamey, en passant par Ouagadougou et Conakry, des capitales jadis arrimées à l’orbite française, se désagrègent sous l’effet conjugué des axes de ruptures politiques assumées, expulsant contingents et conseillers, renégociant ou dénonçant des partenariats jugés léonins, et se réorientent géostratégiquement vers de nouveaux pôles de puissance, notamment Moscou, Ankara, Pékin ou encore les Émirats arabes unis.
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En Côte d’Ivoire, le retrait annoncé de la base de Port-Bouët en 2025 ferme le chapitre d’un ancrage militaire continu ; au Burkina Faso, dès 2023, la dénonciation brutale et unilatérale des accords militaires ainsi que l’expulsion des forces spéciales ont scellé la rupture ; au Niger, l’éviction complète des contingents français a clos, la même année, l’expérience sahélienne de la force Barkhane ; au Mali comme en Centrafrique, le vide ainsi créé s’est trouvé comblé par la montée en puissance des structures russes, qu’il s’agisse de Wagner ou de sa déclinaison Africa Corps, greffée sur des concessions minières ; au Gabon, le coup d’État de 2023 a précipité une reconstitution économique favorisant désormais des consortiums asiatiques et russes, au détriment des positions françaises.
Même l’espace monétaire, jadis ciment symbolique, se fissure : la réforme avortée de l’Eco, assortie de critiques persistantes en CEMAC sur l’arrimage à l’euro, a cristallisé cet âpre contentieux nourrissant une rhétorique d’émancipation monétaire ; et même au Sénégal, longtemps parangon de la francophonie de raison, l’essor des accords sécuritaires et industriels avec la Turquie et combiné à l’élargissement des partenariats vers le Golfe et l’Asie du Sud-Est, confirme que l’heure indique à présent la pluralité des ancrages plutôt que la fidélité exclusive. En résumé, partout l’exclusivité se défait et le monopole d’influence se dissout.
Et voici qu’au beau milieu de cet environnement de vaste recomposition et de désarrimage, où l’exclusivité française cède à des combinaisons multipolaires, apparaît comme un contrepoint d’une limpidité presque paradoxale, une consonnance d’une singularité déconcertante : Maurice. Francophone et francophile : francophilophone, par choix souverain et non par contrainte ou inertie historique, État de droit stable où s’articulent, dans un syncrétisme juridique rare, la tradition civiliste napoléonienne et la common law britannique, l’archipel conjugue absence de rancune postcoloniale et aptitude à projeter son ipséité en articulant intelligemment son ancrage insulaire entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie.
Loin des postures d’émancipation négative, Port-Louis préfère traduire l’affinité culturelle en instruments juridiques opératoires. Ici, pas de narratif de désunion et encore moins de désamour, pas de contestation monétaire non plus, mais un milieu normatif prévisible et hors du champ symboliquement conflictuel du CFA. Le précédent de 1981, qui vit Maurice instituer avec le Royaume-Uni un mécanisme de coordination en matière de sécurité sociale, atteste non seulement de la faisabilité technique d’un tel dispositif bilatéral, mais également de la compétence normative de l’archipel à opérer dans la sphère du droit international social.
De même, l’accord-cadre de 2010 sur la cogestion de Tromelin, bien que demeuré non ratifié — a proposé un modèle sui generis de gouvernance conjointe alliant coopération, respect des souverainetés et gestion partagée des ressources — témoigne de la capacité conjointe et la relation de parfaite intelligence entre Paris et Port-Louis qui savent, lorsqu’ils le décident, transcender les canons diplomatiques pour inventer des architectures hybrides.
Tout concourt, dès lors, à ce qu’un accord franco-mauricien de sécurité sociale, taillé sur mesure, conjugue égalité de traitement, totalisation des périodes, exportabilité des pensions, remboursement des soins de santé et encadrement du détachement, dans un équilibre subtil entre solidarité et respect des législations nationales, aussi bien françaises que mauriciennes.
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Il est dès lors inouï que la France, préoccupée de reconquête de son influence, laisse s’étioler une plateforme qui lui est naturellement acquise, où l’assimilation à son histoire, sa langue et sa culture millénaires se fait encore volontairement et à distance. Dans cette perspective, la conclusion d’un tel accord de sécurité sociale franco-mauricien, inspiré des standards normatifs internationaux les plus élevés — recommandations de l’Organisation internationale du Travail sur la portabilité des droits, Objectif 22 du Pacte mondial des Nations unies sur les migrations sûres, lignes directrices régionales de l’ASEAN — offrirait un triple dividende : politique, en incarnant la vitalité d’un partenariat Nord–Sud exempt de ressentiment postcolonial infécond, affranchi de toute acrimonie mémorielle et fondé sur la confiance active ; économique, en supprimant les frictions juridiques qui freinent talents à la mobilité transocéanique et dissuadent les entreprises à s’implanter durablement hors de leurs territoires nationaux.
À l’heure où Maurice déploie le Mauritian Diaspora Scheme pour inciter ses talents expatriés à revenir, la conclusion d’un accord de sécurité sociale avec la France constituerait un levier incitatif majeur, levant les dernières entraves au retour des cerveaux mauriciens formés à l’étranger. De même, elle offrirait un cadre protecteur aux nombreux retraités français qui choisissent de s’établir à Maurice pour y couler des jours paisibles sous les tropiques ; et symbolique, en érigeant Maurice comme centre névralgique de l’intelligence juridique et de l’innovation normative à l’échelle de l’océan Indien, démontrant à la communauté internationale que l’influence, dans un monde fragmenté, se reconquiert souvent moins par l’omniprésence des armes que par l’élégance et l’intelligence du droit, la précision métronomique des instruments et la constance sacralisée de la parole donnée.
La France et Maurice ont un rendez-vous avec le destin et il leur appartient d’en écrire ensemble la prochaine page de ce roman d’amitié.
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