Projet «LongShot» : l’armée américaine développe de nouveaux drones de combat aérien

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@DARPA

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Le département de la Défense des États-Unis développe actuellement ce que l’on peut décrire comme un drone de combat lancé par voie aérienne, doté de son propre arsenal de missiles air-air et conçu pour prendre les avions ennemis à distance.

 

La Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) a annoncé lundi 8 février qu’elle avait attribué des contrats à General Atomics, Lockheed Martin et Northrop Grumman dans le cadre de son programme « LongShot ». Celui-ci vise à « développer un nouveau drone qui peut étendre considérablement les portées d’engagement, augmenter l’efficacité des missions et réduire les risques pour les avions pilotés ».

 

La « guerre à distance »

La DARPA vient donc de commencer le développement de nouveaux drones de combat équipés de missiles. Appelé Longshot, l’aéronef sans pilote est destiné à être lancé directement depuis les airs via un véhicule porteur. Il s’agit d’une autre étape vers la « guerre à distance », ou la « guerre automatique ». Celle-ci revient à projeter de la puissance sans projeter de vulnérabilité. Autrement dit, la seule vulnérabilité, dans ce type d’engagement, serait celle d’un ennemi réduit au statut de cible, ce qui soulève un problème éthique majeur.

« Le programme LongShot change le paradigme des opérations de combat aérien avec des drones de combat aérien sans pilote capables d’utiliser des armes air-air actuelles et avancées », a déclaré le lieutenant-colonel Paul Calhoun, responsable du programme LongShot de la DARPA. Il ajoute : « LongShot cassera les améliorations incrémentielles traditionnelles des armes en fournissant un moyen alternatif de générer une capacité de combat. »

Le programme LongShot nécessite un financement de 22 millions de dollars pour sa première année de développement, selon la demande de budget de l’agence pour l’année fiscale 2021.

Dans un monde qui place désormais au cœur de ses préoccupations le bien-être personnel et le développement économique, les États-Unis veulent croire et espérer que la conduite des conflits peut et doit épargner les peuples et les moyens économiques de leur subsistance, tout en recourant aux technologies les plus avancées pour protéger les soldats, ultimes victimes d’un monde dans lequel le genre humain est en passe de « désincarner » définitivement la guerre. Mais cette mutation, si elle ne s’accompagne pas d’une paix universelle et durable, porte en germe le risque de susciter de nouvelles formes d’affrontement plus violentes encore.

Antoine de Saint-Exupéry affirmait déjà dans Terre des hommes en 1939 : « Une guerre, depuis qu’elle se traite avec l’avion et l’ypérite, n’est plus qu’une chirurgie sanglante. Chacun s’installe à l’abri d’un mur de ciment, chacun, faute de mieux, lance, nuit après nuit, des escadrilles qui torpillent l’autre dans ses entrailles (…). »

 

Une « guerre de lâches » ?

Malgré le caractère extraordinairement meurtrier des combats contemporains, les armes de ce qui fut d’abord considéré comme des « guerres de lâches » trouvent une certaine réhabilitation morale qui encourage l’expérimentation d’armes et munitions guidées, ou de véhicules sans homme à bord, au point de devenir depuis deux décennies une « pièce maitresse dans l’effort de guerre », selon le couple d’écrivains Heidi et Alvin Toffler. Les principales controverses tiennent à la distance virtuelle que les drones créent entre l’homme et le champ de bataille, susceptible de faire naître « une mentalité Playstation ».

Il y a quelques années, le roboticien Noel Sharkey, farouche opposant à l’utilisation de systèmes déportés et au développement de systèmes autonomes, redoutait l’étape suivante qui serait, selon lui, celle de « l’autonomie complète grâce à laquelle les robots aériens trouveront leurs propres cibles et les détruiront ».

 

Quel avenir pour la guerre ?

Au-delà de la question des drones, c’est également, bien sûr, l’amplification du phénomène de robotisation qu’il convient d’aborder. Elle n’est pas sans susciter nombre de réflexions, d’autant plus au regard de la tendance à l’automatisation des systèmes qui doit, elle, appeler à un vrai débat sur les problèmes juridiques, éthiques et moraux qu’elle soulève. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce nouveau programme et la manière dont il est susceptible de faire évoluer la guerre. Cependant, il apparaît d’ores et déjà que ce système d’arme constitue une révolution dans le domaine de l’aéronautique et va largement contribuer à faire évoluer le combat aéroterrestre.

Dans les guerres de demain, ne sera-t-il pas aussi dangereux qu’hasardeux de confier à une centaine d’intelligences artificielles de robots totalement autonomes le soin d’établir la distinction entre civil et combattant ?

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