Élisabeth Borne : une femme à Matignon, quel symbole ?
Publié le 22/05/2022
La nomination d’Élisabeth Borne au poste de Premier ministre le 16 mai 2022 suscite certaines interrogations sur le traitement qui lui a été accordé.
L’État, affaibli par ses dérives internationalistes, est sous l’influence de modes qu’il ne peut canaliser. Elles proviennent de l’univers outre-Atlantique irradiant ses absurdités en profitant d’une position pourtant de moins en moins assurée. L’une d’entre elles pourrait cependant nous paraître de bon aloi, si elle n’avait pas sombré dans un extrémisme faisant fi du bon sens.
L’égalitarisme
Il s’agit de cette recherche d’égalité absolue entre les sexes et les origines ethniques. Elle occulte, par focalisation idéologique, les inégalités les plus vraies de l’injustice sociale ou celles suscitées par le copinage et le handicap. En réalité, cette politique axée sur des thèmes spécifiques est profondément discriminatoire, donc injuste. Ainsi, le féminisme outrancier voudrait que notre société parvienne à une représentation égale des hommes et des femmes dans la direction des entreprises, dans les administrations, dans la politique et en tout lieu.
Bien évidemment cette idée semble de bon sens puisque l’humanité se partage de manière à peu près égale entre les hommes et les femmes. Il s’agit pourtant d’une vision simpliste imposant les lois mathématiques là où il faudrait promouvoir compétence et intelligence. Il ne faudrait pas être hostile, par exemple, à des domaines de la haute fonction publique majoritairement féminins, si les femmes ayant accédé à ces postes avaient prouvé des qualités supérieures aux hommes ambitionnant les mêmes fonctions et possédant les mêmes références pour les occuper. La discrimination au nom de l’égalité mathématique semble être une faute, car elle oblige, inévitablement, à rejeter des candidats plus aptes, mais masculins.
La naissance d’une autre inégalité
Nous créons une injustice plus grande pour combattre une différence biblique érigée en injustice. C’est absurde. La véritable promotion des femmes serait dans une parfaite égalité des chances et dans des systèmes de sélection ou de choix s’affranchissant du sexe de la personne candidate. Plus facile à écrire qu’à mettre en œuvre ! Il faudrait ajouter que cette vision égalitariste, ou féministe en l’occurrence, fait peu de cas des fonctions biologiques et des rôles respectifs des hommes et des femmes. Il y a très probablement moins de femmes que d’hommes qui ambitionnent d’être député, PDG, ou chef de chantier.
Par ailleurs que l’état d’esprit actuel l’admette ou non, tous les métiers ne peuvent être exercés aisément par des femmes. La décision politique de supprimer les quotas d’entrée aux écoles formant les médecins militaires a ainsi suscité parmi tous les personnels de nombreuses interrogations, voire une certaine inquiétude quant à l’exécution des missions du Service de Santé des Armées. Il est incontestable que les femmes, du fait de leurs responsabilités familiales, soient naturellement moins disponibles que les hommes. Les femmes représentent aujourd’hui 60% des effectifs du Service de Santé des Armées et 15,5 % des effectifs totaux des Armées.
Dans les unités, elles doivent montrer qu’elles adhèrent aux valeurs, historiquement très masculines, de l’Institution, voire camoufler leur identité sexuelle pour mieux correspondre au modèle masculin dominant. Certaines de leurs spécificités féminines, comme leur désir de maternité, sont discriminées et perçues comme un handicap pour le service. Il est malheureusement vrai que dans des services aux effectifs étroits et où l’exigence de disponibilité opérationnelle s’applique à tous, un pourcentage élevé de femmes pose un réel problème. L’égalitarisme idéologique conduit parfois à des fourvoiements.
L’importance de la sémantique
Pour satisfaire cette pensée extrémiste les mots eux-mêmes ont subi des atteintes rendant illogique quelques pans de la grammaire. Ainsi parle t-on, en blessant nos oreilles, d’ingénieure ou de professeure, méprisant en conséquence le fait qu’il s’agit du métier d’ingénieur ou de professeur, indépendamment du sexe de la personne qui l’exerce. L’ambassadrice n’est plus l’épouse de l’ambassadeur, mais un ambassadeur féminin… La bêtise s’est parfois heurtée à des impossibilités pratiques, comme avec le métier d’architecte, de journaliste ou de médecin ou encore avec la vocation d’artiste, dont la féminisation ne peut se manifester que par l’article qui précède le mot…
Ne parlons pas de quelques curiosités, comme la féminisation du grade de maître-principal… Il faudrait rejeter cette notion d’égalité entre les sexes. Le terme est inapproprié. Il serait plus judicieux de parler d’équité qui n’est rien d’autre qu’une approche impartiale et juste des différences accordant des compensations réfléchies aux contraintes biologiques et familiales des femmes.
La logique des quotas
Un autre domaine où s’est insinuée cette idéologie égalitariste se trouve dans la recherche de la promotion des enfants issus de l’immigration. Là aussi le régime des quotas, inspiré sans doute, une fois encore, du monde anglo-saxon, va à l’encontre de l’égalité vraie qui est celle des chances. C’est bien sûr cette égalité qu’il faut rechercher et promouvoir et non pas créer une injustice pour compenser une situation dont seul se montre responsable l’aveuglement de communautés hostiles à l’intégration.
Il en est de même de l’attention portée dans certains milieux, notamment celui des médias, à la couleur de peau. Si l’intention est louable de présenter la France telle qu’elle est aujourd’hui, elle peut déboucher, en cas d’exagération, ce qui est souvent le cas, sur ce racisme supposé qu’elle voudrait combattre. Il serait aisé de poursuivre avec ce qui est une véritable promotion de certains comportements sexuels marginaux qui ne concernent pourtant que les intéressés vraisemblablement très minoritaires.
Une logique destructrice
En réalité la France est malade de la domination de faux intellectuels dont l’action repose sur la haine de tout ce qui est effort, noblesse et beauté. Leurs méthodes, au contraire d’un humanisme, visent un objectif d’abaissement et de destruction. Nous pouvons alors nous interroger sur l’inspiration qui les guide. Bien évidemment le modèle ne se trouve pas dans le travail de recherche d’un mieux social et l’élévation intellectuelle, propres aux civilisations, mais dans les dérives des universités étasuniennes, dans la perte de références à la suite de l’effondrement moral de mai 1968 et surtout dans l’incapacité de l’État à remplir sa mission de guide.
Comment a t-on pu arriver à de telles dérives comportementales ? Que ce soit dans une vision laïque de nature corrompue ou dans les aberrations sociologiques de quelques minorités influençant le pouvoir, il est aisé de trouver comme cause unique l’affaiblissement de l’État qui ne fait plus appel à l’orgueil national, au patriotisme, pour unir les citoyens et les enthousiasmer. Sans plus de références, sans plus de vocation à la grandeur, les Français se sentent à l’abandon. Eux n’ont pas changé, ce sont leurs dirigeants qui regardent ailleurs.
Madame Élisabeth Borne, si l’on en croit la rumeur médiatique, a été choisie comme premier ministre parce qu’elle est une femme. Pour notre pays, souhaitons que ses qualités soient autres.
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