Mauritanie : qui est Mariem Mint Mohamed Fadel Ould Dah, la Première dame qui bouleverse la perception de l’autisme en Afrique ?
Publié le 13/05/2022
L’autisme est un handicap qui souffre de mystification en Afrique. Rarement abordé, ce combat est porté par la femme du président mauritanien, Mariem Mint Mohamed Fadel Ould Dah, elle-même mère de Zayed, atteint d’autisme. Une première dans l’histoire du pays.
Aujourd’hui, il est difficile d’estimer l’ampleur de l’autisme en Afrique car il n’existe aucune étude complète sur le sujet. En Afrique, les enfants autistes sont souvent tenus à l’écart de la société et vivent confinés dans leur famille. La grande majorité de ces enfants ne sont pas scolarisés. Les possibilités de diagnostic sont rares de même que le suivi médical. Face à cette problématique, la Mauritanie ouvre la voie avec l’ouverture du Centre Zayed de bienfaisance pour la prise en charge d’enfants autistes, créé en 2018 sous l’impulsion de Mariem Mint Mohamed Fadel Ould Dah, qui fait entre autres par le don de sa maison qui accueille le centre.
Un médecin militaire
Née en 1980 à Atar dans le centre de la Mauritanie, Mariem Mint Mohamed Fadel Ould Dah grandit dans une grande famille soufie. Dans sa jeunesse, elle habite dans différents pays, au gré des affectations de son père au Moyen-Orient (Irak, Syrie, Jordanie). Elle fait ses études à Damas où elle s’inscrit, en 1999, à la faculté de médecine dentaire. Mariem Mint Mohamed Fadel Ould Dah en sort diplômée en 2004. Elle devient par la suite médecin militaire de l’armée mauritanienne où elle rencontre son futur mari, commandant du bataillon blindé. Après avoir ouvert son propre cabinet à Nouakchott, elle rejoint l’Office national de la médecine du travail.
En 2008, elle donne naissance à Zayed, son deuxième enfant. Ce dernier se révèle être « diffèrent » des autres – elle déteste le terme de “handicap”. Elle met alors tout en œuvre afin de connaître avec précision ce qui touche son fils. De Paris à Washington où elle obtient un poste à l’ambassade de Mauritanie, elle multiplie les rencontres avec les spécialistes qui diagnostiquent finalement ce trouble neuro-développemental.
Un combat pour la reconnaissance des enfants autistes
Son expérience l’amène à rencontrer d’autres femmes dans la même situation. Devant ces difficultés, elle prend les choses en main et crée l’association des enfants autistes de Mauritanie. Dans la foulée, le centre Zayed ouvre ses portes en 2018. Il est financé par les Émirats arabe unis.
Il accueille 127 enfants, de 4 à 14 ans, répartis en 6 classes. Il compte une aire de jeux, une piscine et une salle de rééducation. Aussi, le centre permet la réalisation de plus de 350 diagnostics chaque année. Une équipe d’une quinzaine d’enseignants, de psychologues et d’éducateurs spécialisés encadre le centre. Ils sont souvent d’origine tunisienne, car la Tunisie dispose de personnels de soin formés au diagnostic et à l’accompagnement des enfants autistes.
Devenue Première dame, elle poursuit son engagement. Elle reçoit plusieurs fois par an des familles pour des consultations gratuites. Elle participe aussi à l’organisation d’événements et fait venir des partenaires étrangers. En 2021, des médecins et experts français ont présenté des voies et moyens d’interagir avec les enfants autistes. La même année, en marge du Sommet sur le financement des économies africaines, elle s’entretient avec son homologue Brigitte Macron, connue pour être très impliquée dans les questions sociales.
Un tournant pour la prise en charge de l’autisme en Mauritanie et en Afrique
La Première dame est aussi active sur le terrain des droits des femmes avec en ligne de mire la lutte contre le mariage précoce ou encore l’accès des filles à l’éducation. Dans ce cadre, la elle préside la cérémonie de la Journée internationale de la femme du 8 mars 2022 de Nouakchott, ayant pour thème « L’autonomisation des femmes – Une voie vers le bien-être de la famille et de la société ».
S’il est fréquent que les premières dames restent en retrait de la vie publique, Mariem Mint Mohamed Fadel Ould Dah n’a pas hésité à s’engager, donnant une nouvelle vocation à son statut. Elle fait désormais partie du club restreint des premières dames dont l’engagement rayonne en Afrique et dans le monde.
De son côté, son mari, Mohamed Ould El Ghazouani, grand artisan du retour de la paix en Mauritanie, marque lui aussi un tournant dans l’histoire du pays : c’est le premier président issu d’une transition démocratique, politique de dialogue, diplomatie apaisée avec les pays frontaliers et partenaires… Le binôme porte un engagement commun pour la Mauritanie.
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