Juan Donoso Cortés en 1849 par Federico de Madrazo y Kuntz.

Juan Donoso Cortés en 1849 par Federico de Madrazo y Kuntz.

Juan Donoso Cortés est un écrivain et homme politique espagnol. Il est principalement connu pour ses critiques acerbes du libéralisme et du socialisme, ainsi que pour ses prophéties sur les crises et les conflits à venir en Europe.

 

Juan Donoso Cortés naît dans une famille catholique prestigieuse ayant connu son heure de gloire lors des grandes épopées du XVIe siècle. Lointain descendant du vice-roi d’Espagne et conquérant Hernán Cortés, il hérite d’un nom illustre.

Dès l’âge de 11 ans, Donoso Cortés se montre particulièrement studieux et curieux dans ses études. Il entre à l’université de Salamanque en 1820, puis à Cáceres où il fait la connaissance de Manuel José Quintana qui lui fait découvrir les grands penseurs du siècle des Lumières. Donoso Cortés s’imprègne de la philosophie du XVIIIe siècle, mais sa foi restera résolument ancrée vers Dieu.

 

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En 1824, après avoir étudié la philosophie, la théologie ainsi que la littérature, il poursuit des études de droit. Quatre ans plus tard, Juan Donoso Cortés est encore jugé trop jeune pour devenir avocat. Il rencontre sa femme Teresa Carrasco qui décédera avec sa fille cinq ans plus tard.

 

Un engagement politique ferme

Donoso Cortés s’intéresse aux questions sociales et politiques de son pays. A cette époque, le royaume d’Espagne connaît des rebondissements et l’écho des idées de la Révolution française impacte les consciences. Le roi Ferdinand VII, voulant conserver l’héritage de la monarchie face à un empire colonial dissout et affaibli, modifie la loi salique pour que sa fille Isabelle puisse lui succéder en 1833. Toutefois, le frère du roi, Don Carlos, conteste cette décision. Face à ce conflit intérieur, Donoso Cortés, se range du côté de la régente Marie-Christine, gouvernant au nom de la jeune reine Isabelle II.

Derrière le camp des Carlistes (ceux qui défendent la légitimité de Don Carlos) se cache un affrontement qui va bien au-delà d’un conflit de pouvoir : une lutte entre deux mondes, la monarchie de droit divin traditionnelle et le libéralisme politique. Juan Donoso Cortés estimait que ce conflit devait être dépassé et suggérait au contraire une union des camps « pour mieux conserver ».

 

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Dès lors, il devient député de la circonscription de Cadix, siégeant au centre en 1837, et secrétaire des conseils des ministères présidés par Mendizábal. Toutefois, après de sanglants conflits, le général Espartero écrase les armées carlistes et met la monarchie sous tutelle. Donoso Cortés accompagne la régente Marie-Christine dans son exil en France et prépare son retour.

 

Une carrière diplomatique au sein des grades puissances

En 1843, le général Narváez renverse Espartero et laisse la régente reprendre les affaires du royaume. Donoso Cortés obtient le titre de marquis de Valdegamas et commence une carrière diplomatique, défendant les intérêts de la couronne d’Espagne. Il négocie le mariage du roi Louis-Philippe de France avec Marie-Amélie de Bourbon-Siciles, sœur de la régente. Le décès de son frère Pedro le pousse à la lecture des mystiques catholiques tels que Thérèse d’Avila et Louis de Grenade.

Nommé ambassadeur en Prusse en 1848, Donoso Cortés observe les événements liés au Printemps des peuples comme une épidémie pouvant contaminer l’ensemble des institutions des États européens. Cet épisode marque un tournant fondamental dans ses idées politiques.

 

Un plaidoyer pour le retour du conservatisme

Pour bien comprendre Juan Donoso Cortés, il faut noter qu’il utilise une méthodologie historique similaire à celle de Hegel et s’inspire de la philosophie de Vico. Pour lui, la religion est l’institution fondamentale expliquant le rythme et l’évolution des civilisations. Cette vision de l’histoire rejette l’idée que les institutions politiques seules pourraient améliorer l’humanité. Au lieu de cela, il voit l’érosion des traditions comme un chemin vers le despotisme et l’anarchie, où les humains remplacent Dieu et deviennent esclaves de désirs illimités. Cortès est convaincu que le monde économique et libéral finira par piéger les peuples et qu’il est important qu’un ordre moral règne. Pour lui, « l’ordre matériel n’est rien sans l’ordre moral ». Seul le dogme chrétien est une réponse convaincante pour sauver la civilisation.

 

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Dans un discours de janvier 1849, « Discours sur la dictature », il présente deux types de répressions : politique et religieuse. Il explique qu’un déclin de la répression religieuse s’accompagne d’une hausse proportionnelle de la répression politique. Il présenta ce principe comme une loi de l’histoire, l’équilibre se poursuivant selon le « thermomètre » entre les deux pouvoirs, politique et religieux, dans le but de maintenir l’ordre d’un régime.

Ce discours a eu un fort retentissement dans les monarchies européennes, et lui permet de devenir une figure conservatrice influente de premier plan. Poursuivant son combat, il décide d’écrire ses réflexions dans son livre : « Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme ».

Juan Donoso Cortés propose ainsi une revue historique de la lutte entre les pouvoirs politique et religieux, évoquant les tournants et querelles du Saint-Empire Romain Germanique contre la papauté, du début de la Renaissance avec le renforcement des monarchies et les débuts des États-Nations au détriment de l’autorité papale.

Il décède le 3 mars 1853 d’une crise cardiaque à la légation d’Espagne à Paris. Son influence perdure, notamment dans la pensée du juriste et philosophe du droit allemand Carl Schmitt qui s’intéressera à sa philosophie politique.

 


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