Guerre en Ukraine : Moscou expose ses «trophées»
Publié le 09/05/2024
Depuis le 1er mai, plusieurs dizaines de blindés occidentaux sont exposés à Moscou. Une manière pour le Kremlin de mettre en avant sa « guerre patriotique » au moment des célébrations du 9 mai 1945.
Ils sont calcinés, criblés d’impacts ou bien presque neufs. Depuis début mai et pour un mois, plusieurs dizaines de blindés capturés par l’armée russe en Ukraine sont exposés en plein air sur la grande esplanade de la Victoire à Moscou. Appelé « Les trophées de l’armée russe », cette exposition est destinée à montrer aux milliers de Moscovites qui viennent la voir quotidiennement, les prouesses de son armée.
Une guerre de communication
Plusieurs nationalités européennes sont représentées, dont un char AMX 10 RC français (capturé en juin 2023) mais aussi des blindés américains, allemands, britanniques, tchèques, finlandais ou encore australiens. Les deux figures majeures de l’exposition sont le char américain Abrams complètement détruit et son homologue allemand, le Léopard II. Sur chaque véhicule, des drapeaux ont été rajoutés pour que les visiteurs puissent identifier les constructeurs ainsi que les caractéristiques de chacun. Une plaque OTAN a même été rajoutée pour signifier si le pays en question en est membre. La majorité des blindés sont d’un point de vue extérieur en bon état.
Des soldats qui reviennent du front donnent quelques spécificités sur chaque véhicule et la façon, dont chacun d’entre eux a été capturé. Leur version est identique à chaque fois : la plupart des équipages ukrainiens se sont enfuis en laissant le matériel sur place. Une manière de promouvoir la supériorité des armées russes face aux armes occidentales fournies à l’Ukraine depuis l’invasion en 2022.
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Cette guerre de communication est également utilisée du côté de Kiev. Lors de notre passage en août 2022 dans la capitale, des blindés russes calcinés étaient exposés dans le centre-ville. Certaines images de la guerre sont également montrées pour vanter la puissance de l’armée. Le message global est très clair : la Russie est en guerre contre l’Occident et l’OTAN. Une manière qui permet au Kremlin de justifier le fait que la Russie ne remporte pas de victoires décisives pour le moment.
En 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale, une exposition s’était également tenue à Moscou pour montrer à la population les panzers de l’Allemagne nazie capturés par l’Armée rouge. Un narratif qui permet à la Russie de faire un parallèle historique d’une époque où les armées soviétiques affrontaient aussi… l’Europe.
Le blindé, un matériel obsolète ?
En avril, le Pentagone a annoncé que les chars Abrams, dont au moins 5 sur les 31 ont été détruits par les Russes, allaient quitter le front. L’omniprésence des drones ennemis a rendu difficile l’emploi de ces chars insuffisamment protégés, dont la valeur unitaire est d’environ 8 à 9 millions de dollars. Considéré parfois comme obsolète vu du ciel, l’utilisation du char reste néanmoins indispensable sur le champ de bataille pour protéger les troupes au sol. Il reste l’unique moyen pour percer les défenses adversaires.
Depuis le début de la guerre, la Russie aurait perdu de son côté plus de 2 500 chars de combat. Le coût important du T-14 Armata, estimée entre 4 et 6 millions d’euros, est considéré comme étant trop précieux pour être envoyé sur le front. L’armée russe préfère ainsi utiliser des modèles plus anciens, moins technologiques mais plus faciles à produire à moindres frais.
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Le conflit ukrainien met également en avant la faiblesse de certains équipements militaires comme les hélicoptères qui ont disparu du champ de bataille. Une guerre qui permet aux États-majors de réfléchir en profondeur sur l’utilisation et la transformation de leurs matériels. Dans un conflit de haute intensité couplée d’une attrition très forte, la nécessité de disposer d’une masse d’hommes, d’équipements, de munitions et d’une logistique implacable s’avère essentiel.
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