Immigration : la Grèce est le martyr de l’UE

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Des centaines de milliers de migrants sont arrivés en Grèce depuis 2011.

La menace d’une submersion migratoire est plausible. Suffisamment en tout cas pour que l’Union européenne débloque, mardi 3 mars, une aide de 700 millions d’euros en faveur de la Grèce. Pourtant, dans le même temps, certains politiques et médias versent leurs larmes compassionnelles sur le sort des migrants arrivant à Lesbos. Encore une fois, la déconnexion entre la réalité et le discours est à l’œuvre : les élites peinent à s’extirper de leur moralisme.

 

De moralisme, il ne saurait être question chez le président turc Erdogan. Ou plutôt si : il utilise le nôtre comme arme de guerre. Il annonce froidement qu’il laissera sa frontière ouverte tant que l’Occident ne lui apportera pas un soutien dans sa guerre syrienne. Il utilise le trafic d’êtres humains comme moyen de pression et en appelle aux sacro-saints droits de l’homme quand la Grèce tente de résister. Il mobilise sa police pour aider les migrants à passer, et crie à la barbarie quand la Grèce mobilise la sienne pour défendre sa frontière. Et nos médias pleins de bons sentiments relayent la propagande turque. Le néo sultan nous a bien compris.

Pire, des ONG les aident. La guerre lointaine d’Erdogan ne nous concerne pas, c’est lui qui a choisi d’ouvrir cette porte sur l’Europe, c’est lui qui nous désigne comme « ennemi » et qui annonce que l’arme employée sera la « submersion migratoire ». Nul complot, nulle manigance opaque, nulle force obscure à l’œuvre : rien n’a été dit plus clairement que ce fait-là. Désormais posons-nous sincèrement la question : les ONG françaises et européennes servent-elles la cause de leur pays respectif en aidant Erdogan à déployer son plan ?

13 000 migrants sont aujourd’hui massés à la frontière. Si l’on tend l’oreille en direction de certains médias, on entend dire – comme à chaque fois – que « ce nombre n’est rien dans une Europe de 500 millions d’habitants ». On reconnaît bien là les paroles creuses d’une sphère déconnectée du pays réel, qui n’envisage plus la réalité qu’à coup de chiffres et de statistiques. Le pays réel, lui, voit ce qu’il en est de ce « petit nombre », qui ne se dissémine et ne n’assimile pas comme par magie mais constitue une véritable communauté à part.

 

L’Europe de la libre circulation

Non seulement les habitants de Lesbos – et les Grecs venus lutter à leur côté dans un admirable élan de solidarité – sont dans leurs droits ; mais n’oublions jamais que la frontière gréco-turque est le dernier rempart de Schengen. Une fois tombé, la « liberté de circulation » dogmatique d’une construction européenne inconsciente fait son œuvre.

Une aide timide devant l’urgence de la situation, et des crachats au visage en pleine lumière pour se laver les mains d’une sale besogne qu’on laisse aux autres : voilà ce que la Grèce reçoit de l’Union européenne. Des crachats au visage qu’elle connaît bien depuis que la Troïka lui a imposé l’austérité en 2010 alors qu’elle tentait de se libérer des chaînes usurières de la finance internationale. Les élites européistes, année après année, déversent leur haine sur le berceau même de tous les principes qui fondent notre histoire. Une trahison.

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