La Mort de Napoléon à Sainte-Hélène, tableau de Charles de Steuben (vers 1828).

Le 5 mai 1821, Napoléon rendait son dernier souffle après une lente et douloureuse agonie. Parti de France sur le navire anglais le Bellérophon dans l’espoir de trouver asile sur cette terre d’Angleterre qui n’avait jamais cessé de lui faire la guerre, c’est comme prisonnier que ses ennemis l’envoient au milieu de l’océan Atlantique. Sur l’île de Sainte-Hélène, loin d’une Europe désormais apaisée, s’éteignait ainsi l’homme qui fit trembler le continent. Retour sur les derniers instants de l’Empereur.

 

Napoléon et ses compagnons d’exil, après un long et âpre voyage de 71 jours sur le Northumberland, posèrent le pied sur Sainte-Hélène le 17 octobre 1815. Commence alors plusieurs années d’exil et une vie réduite à s’occuper le corps et l’esprit pour tromper l’ennui. Napoléon s’installe d’abord pour un court séjour dans le domaine des Briars, dont ses hôtes, la famille Balcombe, lui firent bon accueil. Napoléon en gardera un souvenir particulièrement heureux. Les taquineries et la gaité de l’une des filles Balcombe, la petite Betzy, donnèrent à l’Empereur un peu de distractions malgré les conflits qui l’opposent aux autorités anglaises, notamment sur la question de la maison qui lui est octroyée, Longwood. Demeure sans prétention, située sur un plateau balayé par les vents, éloignée de toute population et facile à surveiller, Napoléon en fait son dernier royaume.

Il ne perdit pas l’exigence et la discipline qui le caractérisait et fit de sa petite compagnie une véritable Cour avec ses codes et son étiquette. D’ailleurs, son titre d’Empereur, que ne lui reconnaissaient pas les Anglais, fut son ultime point d’honneur auquel il ne transigera pas jusqu’à la fin. Les journées se ressemblent, entre promenades à cheval, parfois les rares visites de voyageurs, venant souvent par curiosité, ou bien les partis de jeux d’échec le soir après le dîner. Mais Napoléon doit aussi supporter les restrictions venant de ses geôliers, d’abord de l’amiral Cockburn qui tenta en vain, de garder une relation apaisée avec son illustre prisonnier, puis à partir de 1816, sir Hudson Lowe, plus intransigeant et dont Napoléon en fera son ultime adversaire. Les seuls instants dont il tira profit furent la rédaction de ses mémoires qui serviront à bâtir sa légende.

 

Le déclin

Napoléon, dès son départ vers Sainte-Hélène, donne des signes de faiblesses. Sa santé se dégrade au milieu de l’année 1816 où commence à poindre une douleur au flanc droit lui infligeant des évanouissements, et offre un spectacle désolant pour ses compagnons. La situation à Longwood a eu un impact dans cette dégradation. En effet, l’ennui s’installe chez cet homme, désormais animé seulement par ses souvenirs et doit subir les conflits incessants entre ses compagnons d’infortune, sur fond de jalousies et de fierté mal placée. Cela entraine le départ du général Gourgaud, et du discret et fidèle Las Cases, qu’appréciait particulièrement Napoléon, expulsé le 31 décembre 1816 pour tentative d’envoi de correspondances clandestines. Les observations du docteur O’Meara relevèrent une hépatite et les compagnons persuadèrent en vain le gouverneur Lowe de le rapatrier en Europe pour y être soigné, ce qu’il refusa, diagnostiquant quant à lui la comédie, et ne tarda pas à expulser le médecin de l’île. Mal lui en pris, car Napoléon, refusant toute aide de médecins anglais, laissa sa santé se dégrader. A partir de l’été 1820, Napoléon s’enferme de plus en plus chez lui et finit par s’aliter de longues heures durant en raison des douleurs affreuses à l’estomac. Sa situation ne laisse plus d’espoirs et c’est vers la mort que Napoléon se prépare.

 

Les derniers jours du condamné

Arrivé en 1819, le docteur Francesco Antommarchi, assisté du médecin anglais Arnott, parvient à peine à soulager le malade rongé par le cancer. Mais malgré ses absences et ses fatigues, Napoléon rassemble ses dernières forces pour dicter son testament au général de Montholon le 11 avril 1821. C’est par ces mots que commence celui-ci : « Je meurs dans la religion apostolique et romaine, dans le sein de laquelle je suis né il y a plus de cinquante ans. Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé. » En effet, il fit savoir qu’il souhaitait être enterré à Paris, et si cela ne lui était pas accordé, que son caveau soit placé dans un endroit de l’île, un ravin qu’il appréciait et qu’il avait surnommé « le val du Géranium ». Ses affaires arrangées, Napoléon se sait prêt à quitter ce monde.

On installe le malade dans le salon. Un prêtre, l’abbé Angelo Vignali vient lui apporter les derniers secours de la religion catholique, et reçoit l’extrême-onction le 3 mai 1821. Dans la nuit du 4 au 5 mai commence l’agonie de Napoléon et on peut déceler d’une voix à peine perceptible les mots «à la tête de l’armée» ainsi que le nom de son fils. Il est entouré de ses derniers fidèles ainsi que de ses domestiques durant toute la journée du 5 mai. Le docteur Arnott informe le gouverneur à trois heures de l’après-midi que « les pulsions ne peuvent plus être senties au pouls ; la chaleur quitte la surface ; il ne durera que quelques heures ». Lowe est prêt à faire parvenir la nouvelle sur l’île par des sémaphores. Les minutes sont longues et durant les trois minutes avant de mourir, Bertrand constate que Napoléon rend trois soupirs. Son visage se fige après avoir rendu « à Dieu le plus puissant souffle de vie qui jamais anima l’argile humaine » dira Chateaubriand. Madame Bertrand s’approche de la pendule, elle l’arrête à 17h49. Napoléon n’est plus.

 


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