«Éloge de la force» : lorsque Laurent Obertone appelle les Français à «résister»
Éloge de la force, le dernier ouvrage de Laurent Obertone, paru ce mois d’octobre aux éditions Ring, ne laisse pas indifférent. Pire, il ne laisse pas indemne le lecteur qui ne sait pas encore que ses certitudes reposent sur un sable plus que jamais mouvant en ces temps d’orage.
Tel Moïse recevant les Tables de la Loi sur le mont Sinaï, Obertone descend de sa montagne vers la foule hagarde pour lui remettre entre les mains un arsenal de combat sous la forme de dix lois, dix conditions pour retrouver l’essentiel : notre force. Une leçon de vie, ou de survie.
Un livre pour nous guérir
Dans cet ouvrage, Laurent Obertone s’adresse à nous comme à des enfants. Prenant l’apparence d’une voix intérieure, l’auteur nous parle sans détour, nous tutoie pour mieux nous prendre au dépourvu. Il nous enrobe comme le fait celui qu’il ne cesse d’appeler « Big Brother », concept développé par George Orwell dans son roman 1984, et qu’il désigne explicitement comme l’ennemi. En effet, enfermés dans nos illusions, nos conforts, nos rêves d’adolescents, nous n’arrivons plus à vivre le monde ou à le penser, nous le subissons et Big Brother entretient cet état léthargique. Il est le régisseur de nos consciences et de nos vies. Ainsi, nous sommes désormais les enfants gâtés d’un État qui nous rend consommateurs et spectateurs, qui nous cajole et nous caresse, mais qui n’est pas capable de nous protéger. Tocqueville rit dans sa tombe de nous voir creuser la nôtre.
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Si cette situation est un symptôme de notre temps, l’auteur ne tarde pas à nous dévoiler quelle maladie en est la cause. Il s’agit avant tout de notre individualisme. Notre premier ennemi, c’est nous-même. L’auteur dépeint nos vices, nos lâchetés, nos faiblesses, et nous met devant un fait indéniable : nous ne sommes rien, ou bien peu face à un monde qui avance, sur une Terre qui compte des milliards d’anonymes, cette même Terre qui n’a pas attendu l’homme pour exister. Notre ego, notre naïveté, notre fierté mal placée sont mis au rebus, et il ne nous reste plus rien en entamant ce livre. Et l’auteur ne manque pas de nous rappeler que cette situation est le résultat de notre résignation : troupeau de moutons, grosses vaches, chiens serviles, voilà ce que nous sommes. Mais derrière l’animal domestiqué peut surgir la métamorphose des cloportes.
10 lois pour reconquérir
Que reste-t-il quand nous sommes dépossédés de tout, même de notre propre pensée ? Tout l’enjeu de cet éloge est là, celui de faire remonter à la surface de notre inconscient ce qui fait la vraie valeur de la vie : la force. Cette vertu, rappelle l’auteur, a été reniée par notre société pour les mauvais atours qu’on lui prête : violence, orgueil, domination, haine. Pourtant elle est la clé de l’existence. A ce titre, les cinq premières lois que pose Laurent Obertone sont les conditions pour retrouver la force, et ainsi se réarmer face à nos démons : reconnaitre ses faiblesses, conjurer ses peurs, avoir de la volonté, retrouver l’indépendance et l’enracinement, voilà la véritable force.
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Mais une fois retrouvée, elle doit servir et en bien. Si ce discours semble sorti tout droit d’un conte de Tolkien – et l’auteur n’hésite pas à faire des parallèles avec Le Seigneur des Anneaux –, la réalité dépasse pourtant la fiction : l’œil de Big Brother guette nos moindres faits et gestes, et nous tient en sa possession par la pensée unique. Et voilà le deuxième serviteur à abattre : ceux qui entretiennent une idéologie dominante dont les plus représentatifs sont les minorités. Ils sont les porte-étendards du terrorisme de la pensée et empêchent toute opposition aux projets de Big Brother. Les cinq dernières lois donnent les moyens de partir à l’assaut de cet ennemi : d’abord le connaitre ; puis prendre la parole pour ne pas le laisser occuper tout l’espace, mais être stratège pour convaincre ceux qui sont susceptibles de rejoindre le camp de la force ; développer une contre-culture sans pour autant s’ostraciser (rester à l’intérieur de Big Brother pour le faire imploser) et enfin imposer les lois qui permettront de retrouver la liberté car « si la France, si souvent contrepied du monde, veut retrouver son statut, elle doit rendre à l’homme son salut ».
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Ainsi, le livre d’Obertone applique à lui-même ce qu’il édicte : retrouver son autonomie pour sortir des cases. Cet ouvrage n’est ni un évangile, ni un travail scientifique, il n’est ni une leçon de bien-être, ni un guide de spiritualité. Il est inclassable.
S’il se fait éloge de la force, cet ouvrage est surtout une invitation à passer à l’action. Le temps de l’insouciance est révolu, le temps de la révolte est venu. Si le diable est Big Brother, le bon Dieu ne doit pas être bien loin. En tout cas une chose est sûre, Laurent Obertone se fait notre ange gardien.