Archive de 2015 de la file de menhirs du chemin de Montauban, à Carnac. ©Christian Obeltz

A Carnac (Morbihan), 39 menhirs ont été détruits pour laisser place à un magasin de bricolage. Une décision difficile à justifier pour un endroit qui figurait sur la liste des sites proposés au patrimoine mondiale de l’UNESCO.

 

Le 2 juin 2023, l’association siteetmonuments.org a dénoncé dans un article les « aménagements brutaux aux abords des alignements de Menhirs » à Carnac en Bretagne. Celui-ci révèle que 39 mégalithes du célèbre alignement de Carnac avaient été détruits afin de procéder à la construction d’une enseigne Monsieur Bricolage au sein de la commune. Une information reprise par le premier quotidien francophone, Ouest-France, qui depuis a créé l’émoi. Très actuelle dans ses prémisses et ses conséquences, cette affaire met en relief les mensonges éhontés de l’autorité municipale et des organismes archéologiques nationaux ainsi que la colère grandissante dans la population française à l’encontre de dirigeants déconnectés.

 

Une faible valeur archéologique ?

Mensonges d’abord du maire Olivier Lepick, qui après avoir accordé le permis de construire à l’enseigne de bricolage (et le permis de détruire notre patrimoine national multimillénaire) a affirmé que ces mégalithes avaient une « faible valeur archéologique » en prenant appui sur les recherches de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC). Cette dernière confirmera par ailleurs, comme le précise Europe 1, qu’elle n’a « pas trouvé de valeur archéologique notable aux menhirs détruits ».

Conclusion étrange de la DRAC quand l’on sait que les menhirs détruits étaient inscrits à l’Atlas des patrimoines, plateforme de ladite Direction régionale des affaires culturelles ayant pour but de répertorier l’ensemble des sites ayant une valeur archéologique et historique. Valeur historique que Christian Obeltz, chercheur au CNRS, rappellera en précisant que les menhirs détruits étaient datés « de 5 480 à 5 320 avant notre ère, soit la datation la plus haute obtenue pour un menhir dans l’ouest de l’Hexagone », et donc incidemment l’une des plus anciennes traces du passage de l’homme sur Terre.

Précision ensuite que le maire ne peut pas bénéficier de la présomption de bonne foi qu’il se permet d’invoquer, ce dernier étant, en plus de sa fonction municipale, président de l’association « Paysages de Mégalithes », association ayant porté le dossier de candidature du site au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le maire et la présidente de la DRAC ont par ailleurs beau préciser que la datation des mégalithes détruits était incertaine, une application du principe de précaution permettant d’éliminer tout doute raisonnable aurait été un minimum au vu d’une telle découverte.

 

Une décision arbitraire ?

Colère, enfin, que cette décision arbitraire a généré au sein de la population et des internautes, certains allant jusqu’à menacer l’édile lui promettant de « foutre le feu » à sa résidence. Le sous-préfet a décidé en conséquence de mettre en place une surveillance du domicile de l’élu. Violence qui, si elle semble inquiéter le maire devant certains médias, ne l’empêche pas devant d’autres de justifier de manière très légère sa décision, ce dernier estimant « qu’au final, on parle de […] pierres. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’a pas détruit la Joconde ». Répartie que l’élu ne se permettra pas devant son propre conseil municipal, s’appuyant sur la procédure pour ne pas à avoir à aborder le sujet brûlant du jour avec les conseillers municipaux de la ville.

Pour l’heure l’association Koun Breizh (Mémoire bretonne) a déposé une plainte contre X et le Parti Breton, l’Union démocratique bretonne, le Rassemblement national et les Républicains ont demandé l’ouverture d’une enquête pour mettre au jour les motivations réelles d’une telle destruction.

 


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