La souveraineté n'est pas un vain mot. ©Stéphanie Klepacki

Le général (2S) Henri Roure, officier-général issu des troupes de Marine, revient sur la notion de souveraineté française.

 

La France s’est construite en conquérant avec constance et opiniâtreté sa souveraineté. Agrégeant pas-à-pas les terres et provinces, elle a toujours oeuvré pour être maîtresse de son destin. À moins de ne pas l’aimer et se plier à des allégeances étrangères ou mafieuses, autrement dit trahir, cette souveraineté doit être l’obsession de chaque citoyen. La France n’existe que parce qu’elle a sublimé l’idée de Nation qui dépasse et transcende les différences. Elle impose de rassembler, d’enthousiasmer et de partager de grands principes qu’elle a façonnés, ayant valeur pour l’humanité entière. La souveraineté française ne peut se passer de la Grandeur. France fille aînée de l’Église, phare des nations.

Tous les pays représentés à l’ONU, affirment leur existence. Or, quelques rares États européens, par l’action de leurs seuls dirigeants, envisagent d’y renoncer au profit d’un système à vocation étatique, effaçant les patries et massifiant leurs peuples. Ce non-sens est pourtant sur le point de réussir.

Aujourd’hui, la France est devenue une quasi colonie de cet ensemble organisé, dont nous ne pouvons modifier l’ambition dominatrice habitant la coterie qui le dirige.

 

LIRE AUSSI → Colère des agriculteurs : pas de France sans paysans

 

Avant son indépendance, le Maroc avait son drapeau, son sultan – aujourd’hui nous disons roi – son administration traditionnelle. Mais en réalité sa défense était assurée par la France. Les régiments de Tirailleurs avaient beau être dits « marocains », ils se battaient pour la France, toujours d’ailleurs remarquablement, sous le drapeau tricolore et avec un encadrement français. La sécurité intérieure était affaire française. La France assurait les relations internationales, émettait la monnaie – le franc marocain – et organisait l’économie. Le Maroc était un protectorat que dirigeait le Résident général. 

Pour être souveraine, la France ne doit donc admettre aucune concession aussi bien de nature territoriale que militaire et politique. C’est ce que d’aucuns nomment l’indépendance nationale. Notre pays l’a défendue au cours des siècles, souvent au prix du sang de ses enfants. Aujourd’hui, quelques irréalistes ou convertis, voudraient nous faire croire que la souveraineté peut être en partie concédée à un système. Ils osent ajouter que ce partage présente des avantages. Quelle ineptie ! Quelle illusion, ou plutôt quelle tromperie ! Si la France cède une responsabilité étatique, ne serait-ce que partielle, à une entité extérieure, elle se met en position de subordination puisqu’elle n’a plus l’entière autorité sur ses choix vitaux et son destin.

Quelques personnages sont à l’origine de cette situation. Ils l’ont fait par conviction, naïveté, lâcheté ou vénalité et parfois mépris de leurs ancêtres. Depuis Monnet et Schumann, américanisés jusqu’au plus intime de leur esprit, jusqu’aux trois derniers présidents qui n’ont eu de cesse, dans une invraisemblable surenchère, de substituer une fiction à la réalité nationale, la France court vers la fin de son histoire. Certains, dans cette chaîne de responsables depuis le général de Gaulle, avaient entrevu la dangerosité du chemin suivi, mais prisonniers, eux-mêmes, de l’ambiance presque joyeuse d’une association mise à la mode par toutes sortes de subterfuges médiatico-politiques, ils n’ont jamais osé agir. Elle se présentait comme une amicale de pays proches, favorisant la paix et la concorde des peuples.

Ces gouvernants à la morale instable, insensibles aux fondements de la Nation française, ont ainsi offert à l’étranger collectif ce qui ne leur appartenait pas. Ils nous ont outragés et trompés par le verbe jusqu’à ce que nous réalisions, mais bien tard, ce que nous avons subi, sans nous en rendre compte.

« Plongez une grenouille dans une casserole bouillante : elle s’échappera. Placez-la dans l’eau froide et chauffez à petit feu : elle s’habituera aux variations de température et restera tranquille jusqu’à se retrouver bouillie. Si l’on ne perçoit pas le mal qui s’installe par petites touches, on s’en accommodera jusqu’à l’irréparable… »

 

LIRE AUSSI → De l’Ukraine à Taïwan, quels enseignements pour la France ?

 

Il est encore temps de s’échapper du système. Un ami, professeur émérite de Droit me disait « nous sommes dans un labyrinthe, nous ne pourrons pas nous en sortir ». Je lui ai répondu qu’il ne fallait pas chercher la sortie, mais briser les murs du labyrinthe.

Dans la fonction citoyenne nous investissons à la fois nos sentiments et notre raison. Aujourd’hui dans la vie du pays, nous sommes confrontés à des choix cruciaux. Le mal, paré de fausses vertus, tente de nous séduire. Il est souvent difficile d’en déceler la limite avec le bien tant le mensonge, le charme, le verbe, l’argent, la force du fait accompli et plus globalement la psychologie des foules, peuvent endormir la vigilance, ou occulter le discernement. Il s’agit pourtant de qualités éminentes indispensables à l’expression accomplie du citoyen.

L’homme est ainsi fait qu’il répond autant à ses sentiments qu’au raisonnement, à son coeur qu’à son intelligence. Cet aspect, insaisissable et paradoxal, contribue nécessairement à sa nature profonde, à sa grandeur et à sa dignité. Il lui interdit de ne jamais se plier à ce que certains auteurs imaginent dans quelques dystopies. Il ne peut donc longtemps subir les oppressions. Il ne peut ainsi supporter plus avant une organisation internationale dont les dirigeants, imposés par toutes sortes de stratagèmes et de trahisons, voudraient exercer une autorité absolue sur les peuples en disloquant les liens nationaux. La vérité germe, grandit et finit toujours par éclater. Nul ne peut longtemps porter atteinte au libre-arbitre, ni aux principes fondamentaux à l’origine de la Patrie et de la Nation, expressions achevées de la citoyenneté. En elles la liberté intime nourrit le collectif fraternel.

Si des relations amicales et de voisinages sont utiles et même indispensables entre les États d’une même proximité géographique, il est invraisemblable d’ambitionner les fondre dans une masse inévitablement sans âme. Ce méli-mélo n’offrirait pas la force de ce lien citoyen créé par des siècles de partage de joies, de gloire, de culture, de tristesse ou de peines et d’intérêts communs; pas plus qu’il ne répondrait à la raison et à l’amour. Il ne serait donc pas, comme l’est la Patrie, un regroupement voulu de citoyens pour lequel on peut offrir sa vie. On meurt pour le drapeau tricolore, pas pour une bannière bleue étoilée.

 

LIRE AUSSI → France 2023 : le chaos dans la Loi

 

Aristote définit l’être humain comme un « animal social et politique » qui ne vit véritablement que lorsqu’il s’intègre dans une société où il peut déployer ses capacités et vivre heureux. Mais en plus de vivre en communauté, il partage des valeurs avec ses concitoyens ce qui fait de lui un « animal politique ». Ils fraternise avec eux. Il ne peut pas, ainsi, exister de citoyenneté autre que celle qui répond à des qualités supérieures auxquelles chacun adhère librement.

« L’intégration européenne » imposée par les stratèges du charcutage territorial, n’a d’autre but que d’écraser l’homme dans sa dimension politique, c’est-à-dire dans ce qui fait de lui un être pensant. Pourtant, c’est bien à cette massification que souhaite parvenir cette caste financière étatsunienne assistée dévotement par les idéologues européistes, ces janissaires de l’américanisation du continent européen, voire du monde. Car ne nous y trompons pas, derrière la caste bruxelloise se tient la finance anglo-saxonne dirigée par Washington.

Ce que prépare la commission et tous les sbires supranationnalisés grignotant jour après jour notre souveraineté et celle de nos voisins, n’est rien d’autre, après son engourdissement, que l’assassinat de la Nation..

Être pleinement citoyen c’est accepter sans réserve de s’inclure dans une interaction de Droits et de Devoirs. Je doute que les citoyens français éprouvent le moindre devoir envers l’UE. Ils récusent dans leur immense majorité le Droit qu’elle voudrait imposer sous forme de directives et d’arrêts de ses cours. Dans ce seul domaine du Droit, il est révoltant que les Français soient soumis à une sorte de constitution supérieure à la Constitution de la la Vème République et que des cours internationales de justice imposent leurs décisions en toute indépendance et en faisant fi des particularités de notre peuple.

La souveraineté ne se fractionne pas pas. Elle se situe dans une communauté de valeurs où se retrouvent ce qu’expriment des termes comme nation, peuple, patrie, terre, langue, culture ou encore histoire. Sa défense est exigeante car elle est convoitée par l’ennemi affirmé ou masqué. Ceux qui se prétendraient patriotes et qui accepteraient la moindre de ces encoches à la souveraineté, au prétexte de l’absence de risque et d’une utilité, se feraient des illusions. Face à une monstruosité totalitaire, les compromis n’existent pas. Souvenons nous des accords de Munich qui marquèrent le début du démantèlement de la Tchécoslovaquie. L’UE, au travers de ses différents accords imposés aux peuples bien qu’approuvés par les instances politiques – Lisbonne, Maastricht et Schengen – n’a d’autre objectif que le démantèlement des États-nations. Il faut récuser le système et le quitter rapidement pour bâtir ensuite des relations contractuelles entre États souverains. L’URSS en soixante dix ans, n’a pas réussi à construire une nation. Elle a éclaté dans les nationalismes, les mésententes ou les haines.

 

LIRE AUSSI → France-OTAN : la trahison des politiques françaises

 

Quelques inquiets me diront, mais comment faire ? Nous avons une monnaie commune pourquoi en sortir et comment ?

Il est évidemment aberrant que le gouvernement français ne puisse pas gérer la monnaie et n’ait aucune autorité sur la Banque européenne. Il faut savoir que l’énorme avantage d’une monnaie nationale réside dans sa flexibilité et l’adaptation de sa valeur aux nécessités de l’économie du pays. Elle se fait au travers d’un étroit lien entre la Banque nationale, le Trésor et le gouvernement. Ce n’est pas le cas aujourd’hui où l’euro, géré par une banque indépendante et irréformable, mais sise à Francfort, est adaptée à l’économie allemande et à sa culture, davantage qu’à nos besoins.

Historiquement, la monnaie est une prérogative de souveraineté. Elle n’existe que par la Nation et pour elle. Il s’agit de ne pas l’oublier ! Elle est surtout liée à l’indépendance politique, car sa valeur est validée par l’État. Elle matérialise les frontières du marché domestique et elle exerce la fonction symbolique de démontrer l’unité nationale. Attribut permettant la reconnaissance des membres d’une même société, elle est un des signes majeurs de la souveraineté et elle est intimement liée à l’économie nationale. Si sa gestion est confiée à une organisation comme l’UE, la conclusion s’impose, c’est bien elle qui détient la souveraineté. Jean Bodin, au XVIè siècle le disait déjà « il n’y a que celui qui a puissance de faire la loi, qui puisse donner loi aux monnaies ».

Comment en sortir insisterez-vous ? Prenons l’exemple des pays qui dans l’ensemble du monde se sont émancipés des tutelles coloniales européennes ou plus récemment de celle de l’URSS. Tous, en peu de temps, ont créé leur propre monnaie. Je note aussi que 6 pays de l’UE n’utilisent pas cette monnaie commune et ne s’en portent pas plus mal. J’ajoute que le Royaume-Uni, avant de quitter l’UE, n’a jamais imaginé abandonner la Livre comme monnaie.

D’ailleurs, si la France suivait l’exemple de ce pays, dans une sorte de Frexit que se passerait-il ? Le premier effet positif serait la récupération de nos frontières avec toutes les conséquences bénéfiques qu’un tel changement produirait. En effet désormais assurée du contrôle des entrées et sorties des personnes et des biens, la France pourrait se prémunir des dérives migratoires encouragées par l’UE et lutter efficacement contre la terreur islamique. Elle mettrait une barrière active à tous les trafics de stupéfiants. Elle pourrait engager une politique ferme de retour dans les pays d’origine, interdire l’emploi des migrants et revoir toutes les conditions d’accueil. Elle n’aurait plus à se référer à Bruxelles pour agir.

 

LIRE AUSSI → Afrique : «La France doit arrêter de subir»

 

Recouvrant les sommes versées à l’UE, la France pourrait instaurer une politique de coopération efficace et correctement financée avec les pays d’origine de cette invasion. Elle rebâtirait l’aide au développement quasiment abandonnée par les gouvernements successifs au profit d’ONG hostiles et de cette aberrante politique d’intégration européenne. Toujours dans le domaine intérieur, le recouvrement de sa souveraineté rendrait à notre pays le contrôle de sa législation et de sa réglementation, sans plus subir des politiques européennes en opposition avec sa culture et ses besoins. Elle n’aurait plus à se plier à la bureaucratie tatillonne de Bruxelles, imposant toutes sortes de normes visant davantage à emprisonner les États qu’à améliorer le fonctionnement des entreprises. Les sommes énormes actuellement dévolues à cette organisation pourraient être réaffectées et consacrées, en toute liberté, au traitement des questions économiques et sociales préoccupant les Français. Elle oserait défendre sa laïcité contre les hypocrisies islamiques.

La France, indépendante et à nouveau forte, aurait toute liberté pour prendre des mesures visant à protéger ses richesses, son agriculture et ses entreprises des ambitions prédatrices de certains pays. Elle profiterait en outre pleinement de relations économiques qu’elle souhaiterait établir avec l’étranger et mettrait enfin en œuvre le développement de ses énormes possessions maritimes sans plus se préoccuper des contraintes environnementales extrémistes et déstabilisatrices du système ni de son mépris pour ces régions « ultra-périphériques ». Dans le prolongement de cette politique elle devrait nécessairement rompre avec le pacte de Marrakech et prendre de réelles distances à l’égard de l’OMC.

De toute évidence, la sortie du piège européen devrait s’accompagner d’une séparation d’avec cet autre monstre qu’est devenue l’OTAN, au moins de sa partie militaire intégrée avant une indispensable réforme des statuts de l’Alliance. Cette organisation s’impose à l’UE comme l’instrument commun de sécurité. En réalité, elle ne sert que la volonté expansionniste de Washington. Ce faisant la France recouvrerait sa dimension stratégique propre, valoriserait sa dissuasion et ses forces. Elle ne risquerait plus d’être impliquée dans des guerres pour le seul intérêt d’autres puissances. Elle pourrait reprendre sa politique traditionnelle d’équilibre et de sagesse qui a contribué à sa dimension mondiale.

 

LIRE AUSSI → Brexit : rendons le français à l’Europe !

 

Les avantages du retour à la souveraineté sont considérables. Il suffit de regarder comment vivaient les Français et comment agissait la France dans le monde, lorsque le pays était souverain.

Il est donc temps de rompre les chaînes qui entravent notre pays afin qu’il redevienne lui-même. Il y a urgence absolue alors qu’un projet de réforme de ces traités par la Commission, visant à enlever les derniers pans de souveraineté et à créer un État fédéral, est en discussion, soutenu par le président français actuel. Il sera temps alors d’imaginer des relations amicales avec nos voisins plus ou moins proches, au travers d’accords respectueux des souverainetés et de nos intérêts.

 


Vous avez apprécié l’article ? Aidez-nous en faisant un don ou en adhérant

Laisser un commentaire

RSS
YouTube
LinkedIn
LinkedIn
Share
Instagram

Merci pour votre abonnement !

Il y a eu une erreur en essayant d’envoyer votre demande. Veuillez essayer à nouveau.