Le fentanyl est une drogue responsable de la mort de nombreuses personnalités comme Michael Jackson ou encore Prince. Image d'illustration

Le fentanyl est une drogue de synthèse. En 2022, elle a provoqué la mort d’au moins 110 000 personnes rien qu’aux États-Unis. Extrêmement lucrative, elle est devenue la première source de revenus des cartels mexicains. Après être partis à la conquête des Etats-Unis, ils ambitionnent dorénavant de s’ouvrir un nouveau marché : l’Europe. Dans ce paysage du narcotrafic, Dubaï se positionne comme un acteur central.

 

C’est en Belgique, vers la fin des années 1950, que le docteur Paul Janssen a synthétisé pour la première fois du fentanyl. Cette substance est un analgésique très puissant : environ 100 fois supérieur à la morphine et près de 40 a 50 fois supérieur à l’héroïne. Dans les années 1960, le fentanyl a été utilisé dans la pratique médicale. Comme d’autres opioïdes, son emploi a été détourné en drogue, provoquant les effets secondaires « habituels » des opiacés. Mais le corolaire au bien-être et à l’euphorie est une dépendance physique et psychologique. Dans les années 2000, via des ordonnances médicales, de nombreux Américains puis Canadiens sont devenus addicts via des ordonnances médicales.

Malgré une prise de conscience quelque peu tardive, la prescription a été progressivement beaucoup mieux encadrée. Aussi, pour continuer de répondre à leurs besoins, les toxicomanes se sont tournés vers le marché noir et le deal de rue. Cet appel a été entendu par les narcotrafiquants y voyant une opportunité de réaliser des profits significatifs. Très vite, les cartels mexicains ont alimenté les Etats-Unis de pastilles bleues produites dans leurs laboratoires clandestins. En 2022, le fentanyl aura tué plus de 110 00 Américains, devenant même la première cause de mortalité chez les 18 – 45 ans.

 

Une production non soumise aux aléas climatiques

Pour les cartels mexicains, le fentanyl est une formidable aubaine. Il offre de nombreux avantages comparatifs que les drogues « traditionnelles » (marijuana et pavot) n’ont pas. D’abord, le fentanyl est « facile » à produire et à transporter.  Ensuite, il ne dépend pas de facteurs aléatoires comme les conditions météorologiques, les récoltes ou encore l’étendue des surfaces. Enfin et surtout, s’agissant des marges dégagées, elles approcheraient des 2 400%.

A ce jour, les cartels de Jalisco Nouvelle Génération et de Sinaloa dominent ce business dramatique qui trouve sa source en Chine. Ceux sont les laboratoires chinois qui fournissent aux Mexicains la matière première (le fentanyl pur).  Celle-ci est ensuite coupée avec du chlore et de l’acétone pour donner les fameuses petites pilules bleues. Pour les cartels, l’expédition vers les Etats-Unis n’est pas un problème. Ils peuvent s’appuyer sur des réseaux déjà éprouvés avec le trafic de cocaïne.  

 

Un sujet devenu un enjeu géopolitique avec Dubaï en ligne de mire

De plus en plus fréquemment, le fentanyl est au cœur des échanges entre les Etats-Unis et le Mexique. Le sujet a été abordé le mois dernier par les Présidents Joe Biden et Andres Manuel Lopez Obrador lors de leur rencontre. Il a également été évoqué lors de l’entrevue entre le Président américain et son homologue chinois, Xi Jinping, dans le cadre du Sommet de l’Apec à San Francisco. Mais aujourd’hui, il semble que les échanges rencontrent des difficultés avec Dubaï qui est devenue la place forte du blanchiment, avec la présence sur place à la fois de trafiquants de différentes nationalités et de blanchisseurs. Cette opacité de l’Émirat pourrait expliquer en partie l’absence à la COP28 de Joe Biden, outre la venue du Vladimir Poutine aux Émirats (EAU).

Ce rôle discutable de Dubaï inquiète jusqu’en Europe. Un média belge titrait récemment : « Voici les 20 barons de la drogue qui se la pètent à Dubaï alors que la Belgique les traque en vain : “El Presidente”, “Dikke Nordin”, “Piwi”… ». Pour sa part, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu en octobre dans l’Émirat, où les plus gros narcotrafiquants français sont aussi réfugiés. L’objectif était de trouver des pistes pour améliorer la coopération, difficile, entre la justice émiratie et la France. Le Sénat s’est même emparé du sujet avec la mise sur pied d’une Commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier.

A cet égard, si la lutte est bien engagée contre les producteurs et les revendeurs de fentanyl, les mesures prises contre les flux financiers illégaux ne sont clairement pas à la hauteur. Or, les experts le disent, il faut s’attaquer au nerf de la guerre pour remporter le combat contre le narcotrafic. L’Union européenne pourrait donc peser de tout son poids sur ce sujet précis sur les États opaques et Dubaï en particulier. Le temps presse, le fentanyl est déjà disponible dans nos rues.  

 


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