Souveraineté économique : un rapport du Sénat dénonce le sabordage français
Publié le 23/08/2022
Un rapport sénatorial de juillet 2022 propose cinq axes pour reconstruire la souveraineté économique de la France. Les sénateurs dressent un bilan alarmant de la situation de notre pays, très impacté depuis plusieurs années.
Crise du Covid-19, guerre en Ukraine… Les problématiques et les défis auxquels doit répondre la France sont nombreux et non des moindres. La désindustrialisation française opérée depuis des décennies adossée aux récentes crises a choqué l’opinion publique ainsi que le gouvernement lui-même. Ce constat a été le point de départ du rapport sur la souveraineté économique française co-écrit par Mme Sophie Primas, Mme Amel Gacquerre et M. Franck Montaugé, tous trois membres de la commission des affaires économiques du Sénat.
Un échec français
Si l’actualité nous rappelle sans cesse les problématiques économiques, sécuritaires et sociales françaises, les sénateurs n’hésitent pas à enfoncer le clou. Ce que nous voyons n’est que la face émergée de l’iceberg. « La perte de souveraineté économique progressive de notre pays depuis les années 1980, a fortiori au cours des années récentes, est bien plus transversale et bien plus profonde qu’on ne le soupçonne. » pointe le rapport. La totalité des secteurs d’activité seraient touchés par cette perte de souveraineté avec des « proportions rarement soulignées par les travaux préexistants ».
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Pire encore, les sénateurs dénoncent un véritable « laisser-faire » conduisant à une « solution critique de grande vulnérabilité ». Selon eux, la France aurait accentué sa relation de dépendance vis-à-vis d’entreprises et de pays étrangers en « pleine conscience ». « Nombre de ces dépendances et fragilités étaient connues ou dénoncées de longue date, mais se sont renforcées à la faveur de la naïveté, ou pis, de l’inaction des pouvoirs publics. » mettent en avant les rapporteurs. Selon eux, les différents « Plan de relance » gouvernementaux sont davantage une stratégie de communication qu’une aide concrète et efficace permettant réellement de remettre la France sur la voie de la souveraineté.
5 plans thématiques
Pour reconstruire des éléments de souveraineté français, les sénateurs proposent 5 axes d’amélioration. Le premier concerne l’approvisionnement. La hausse de la consommation entraîne une augmentation de la demande qui nécessite une sécurisation de ces intrants. Selon le rapport, 40% des intrants de l’industrie française sont importées en 2022 contre 29% au début des années 2000. Le deuxième est le développement d’infrastructures énergétiques et numériques. L’objectif est d’augmenter les capacités de stockage de l’énergie afin de favoriser la décarbonisation ainsi que de développer rapidement la filière nucléaire. En 2021, la France importe un équivalent de 78 jours d’électricité contre 43 en 2020 et 25 en 2019.
Le troisième axe se concentre sur les compétences et les métiers de demain. Les avancées techniques et technologiques obligent à reconfigurer certains métiers qui manquent déjà de nombreuses compétences ainsi que d’assurer la transmission des savoir-faire. La non-construction de réacteurs nucléaires durant de nombreuses années et le manque de transmission des compétences est un désastre. Le quatrième axe se tourne vers la politique commerciale de la France. « Elle est clef pour assurer l’équilibre entre souveraineté et ouverture au monde. » précise le rapport. Le cinquième axe concerne la protection des entreprises françaises. Particulièrement appréciées par nos concurrents étrangers, nos entreprises souffrent de prédation et souvent de réserves dans la collaboration avec les différents services ministériels. Selon le rapport, entre 2020 et 2021, le nombre de dossiers déposés au titre du contrôle des investissements étrangers a augmenté de 31%.
En revanche, si le document évoque des propositions de plans de souveraineté économiques, les trois sénateurs se gardent bien de toute vision autarcique. « Notre posture n’est ni celle d’un repli national ni celle d’une remise en cause du bien-fondé d’échanges mondialisés. » se défend Sophie Primas. Gageons de l’excellente définition que la sénatrice apporte à la souveraineté économique : « Une France souveraine, c’est une France qui peut conduire une politique économique qui ne soit captive ni d’une autre puissance ni d’un déclin inexorable qui nous contraint. ». Il n’y a qu’un pas pour que cette parole se transforme en acte de volonté ferme et intransigeante. La France en a besoin.
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