Nathalie Yamb est une activiste qui critique vigoureusement la politique occidentale en Afrique. Capture d'écran Youtube.

Le 30 juin 2023, l’activiste Nathalie Yamb publiait une vidéo dénonçant la politique du gouvernement mauritanien. Connue pour ses positions anti-françaises, elle fait partie avec le militant suprémaciste Kemi Seba, d’un réseau « d’aventuriers populistes » financé par le réseau d’Evgueni Prigojine sur le continent africain.

 

L’Afrique est un univers en construction. Comme toute renaissance, celle de l’Afrique est pleine de héros, d’aventuriers, de corsaires, de croisés en tout genre. Ce qui caractérise cette catégorie de personnes, c’est ce mélange de démiurgie conquérante et de folie flamboyante. L’Europe a connu ses explorateurs, ses savants, ses artistes. Aux Etats Unis d’Amérique, on a créé le mythe du cowboy solitaire et intrépide qui se lançait à l’assaut de l’Ouest et des sauvages Indiens, et celui du shérif, justicier sans peur et sans reproche, qui assainissait la cité naissante.

 

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En Afrique aujourd’hui, parmi les héros « renaissance », nous avons la catégorie des sémillants combattants, shérif des temps modernes, le micro à la place du colt. Ils prêchent à tout vent et récoltent mieux qu’à qui mieux mieux. On peut citer l’influenceuse d’origine suisso-camerounaise Natalie Yamb et le suprémaciste d’origine béninoise Kemi Seba comme les prototypes les plus achevés. Tous deux ont la particularité d’être des agents d’influence russe en Afrique. Une enquête a révélé que Kemi Seba a reçu un total de 440 000 euros entre mai 2018 et juillet 2019 de la part du patron de Wagner, Evgueni Prigojine. De son côté, Nathalie Yamb est interdite d’entrée en France. Paris l’accuse d’encourager le recours à la violence à l’encontre de la présence française en Afrique.

 

Les « nouveaux héros » africains

Ils savent tout, ils ont un mot sur tout, ils décident de ce qui est bon pour l’Afrique, dans une approche d’un populisme et d’une infaillibilité à l’épreuve de tout. La récente vidéo de l’influence Nathalie Yamb sur la Mauritanie l’illustre très bien. Les nouveaux héros de l’Afrique, souvent des citoyens étrangers ont de belles gueules, sont éloquents, et assez intelligents pour précéder le vent et non le suivre, en pompant et en brassant l’air. Que dit madame Yamb sur la Mauritanie ? Deux choses essentiellement. La Mauritanie est le nouveau « cheval de Troie » de l’OTAN en Afrique dans son désir de conquête du Golfe de Guinée. La Mauritanie est « l’enfer de l’esclavage des Noirs par les Blancs ».

Nathalie Yamb sous le prétexte de la Mauritanie, s’attaque à la France et à l’OTAN qui veulent piller ses richesses et en faire une base militaire. Nous sommes convaincus qu’elle sait quand même que la Mauritanie n’est pas située dans le Golfe de Guinée. L’Occident s’intéresse à cette région pour mettre la main sur ses richesses. Personne ne peut nier cette plate réalité. Même ceux qui se laissent piller pour une raison ou pour une autre le savent. Sous le discours de Madame Yamb, si la Chine le fait, c’est pour empêcher que l’Occident prenne tout. Une partie qui occupe plus de la moitié de son intervention censée mettre en avant le rôle de la Mauritanie dans la signature d’un accord multipartite avec l’OTAN.

 

L’esclavage, une pratique criminelle

La signature du contrat continue à être un prétexte pour une guerre dont on dira de certaines batailles qu’elles apportent des victoires sans péril et donc des triomphes sans gloire. Beaucoup de ceux qui ont parlé de Mauritanie avant elle, ont parlé d’esclavage. Pour Nathalie Yamb, il a été éradiqué partout dans le monde au XIXe siècle. Pour celle qui habite en Suisse, le monde se réduit à son univers occidental. La vérité sur l’esclavage moderne en Afrique, la voici. Dans tous les pays africains où l’on retrouve les séquelles de l’asservissement, seule la Mauritanie a criminalisé cette pratique d’un autre temps. Aucun autre pays ne l’a fait. On sait ce qui se passe en Libye. Au Soudan, il y a encore peu, les marchés étaient connus. Dans l’imaginaire des pays du Maghreb, le Noir n’existe même pas alors qu’il y a de nombreux descendants de la traite transsaharienne. Le commerce des enfants en Afrique de l’Ouest pour diverses missions n’est un secret pour personne.

 

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La quête de causes faciles pousse des personnes mal intentionnées ou en manque d’inspiration, à s’acharner sur la Mauritanie, le seul pays africain qui a reconnu l’existence de ce fléau dans sa tradition et qui en admet les séquelles. Elle sait si bien les combattre qu’elle est devenue le laboratoire où viennent s’inspirer ceux qui veulent vraiment faire évoluer cette cause, comme certains experts de l’ONU. Ajoutons à cela cette facilité des Africains et de leurs amis bien-pensants, pour lesquels il n’y a domination et abomination que quand c’est celle du Blanc sur le pauvre noir qui ne saurait se défendre tout seul et qu’il faut préserver, comme toutes les espèces fragiles. Que l’esclavage existe au sein des Poulars ou des Soninkés, cela n’intéressera jamais personne. Que depuis l’indépendance, tous les présidents d’un pays appartiennent à la même caste, celle des nobles, cela ne gêne pas s’ils sont tous des Noirs. On connaît la provenance essentielle des élites dans tous les pays.

 

Un pays indépendant

La Mauritanie n’est pas dans l’OTAN. Elle n’est pas une base arrière de celle-ci. Coincé entre les géants marocain et algérien, le pays fait face à une menace du Sahel. Il est le plus grand voisin du Mali où sévit une milice dont elle n’aimerait pas voir les retombées rejaillir sur elle. La Mauritanie n’héberge aucune force étrangère sur son territoire et encore moins des milices privées. La signature d’un accord avec l’OTAN s’est déroulée sur le sol mauritanien, mais pas avec la Mauritanie. C’est un accord avec le collège de défense du G5 situé à Nouakchott. Cela ne fait pas de ce pays le supplétif de l’OTAN, ni son cheval de Troie. Se permettre de donner des leçons à la Mauritanie, penser que c’est un peuple domptable, c’est vraiment mal le connaître. Même quand la dévolution du pouvoir se résolvait par des coups d’État, personne n’a jamais pu y déceler la main étrangère.

 

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Ce pays est le seul à avoir fait partir l’armée française, dénoncé les accords de défense, à être sorti du Franc CFA et éloigné son minerai de fer et ses zones de pêche de l’ancien allié. Lorsque le Mali a été soumis à un embargo à cause de ses choix d’état souverain, Nouakchott a refusé de suivre le mouvement. Pour clore cette liste loin d’être exhaustive, le mouvement des non-alignés était basé en Mauritanie. La Russie est depuis toujours un allié militaire. Combien de pays du Golfe de Guinée que l’OTAN voudrait conquérir, comme s’il n’y était pas déjà à travers la France, peuvent se prévaloir d’un tel palmarès ? Doit-on comprendre que le cheval de Troie de l’OTAN dans le Golfe de Guinée est la signature d’un accord multipartite sur le sol d’un pays qui ne fait pas partie de Golfe de Guinée ?

Tout cela fait penser à la croisade d’un autre chevalier blanc occidental, l’ONG Sherpa de maître William Bourdon qui a sorti un rapport au vitriol sur la Mauritanie, sous les ordres de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou, accusé de corruption et mécène de cette ONG civilisatrice de l’Afrique noire. La jeunesse africaine est dans une quête logique de leaders. Mais hélas, elle est insatisfaite par le discours et l’action politiques, et désertée par beaucoup d’intellectuels.

 


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