Des fidèles prient à la Grande Mosquée de Paris. Image d'illustration.

Issu des troupes de Marine et docteur d’État en sciences politiques, le général Henri Roure revient sur le refus de nos gouvernants de comprendre les fondamentaux de la laïcité et de l’Islam.

 

Le 9 décembre 1905 était votée – assimilons bien les termes utilisés – la Loi sur la séparation « des églises et de l’État ». Cela fait donc 116 ans. C’est la seule date que les politiques connaissent lorsqu’ils évoquent la laïcité et imaginent la faire appliquer par les fidèles d’une religion totalement étrangère à la rédaction de ce texte. Ils sont soit des ignorants soit des hypocrites, car elle a été immédiatement grandement tempérée par d’autres textes, tout aussi fondamentaux, établissant des rapports nouveaux et proches avec l’Église catholique. Mais que dit cette loi qui n’est pas ce que certains avancent ? Pour bien en comprendre la nature, faisons un retour historique.

 

Une laïcité française

La laïcité n’est pas républicaine. Elle est une très vieille idée française dans laquelle nous retrouvons l’impératif national et les traits spécifiques d’un peuple particulier, le nôtre. Sans que le mot fut prononcé, elle a été imaginée, ou valorisées, par nos monarques, puis par la majorité de nos gouvernants et par des religieux chrétiens eux-mêmes. Cependant, ce fut la IIIème République qui lui donna son nom et une assise juridique. Mais aujourd’hui, face à un islam conquérant, fondamentalement incompatible avec une vision personnelle de la pratique religieuse, une politique reposant sur la laïcité, même dévoyée, est inaudible pour les musulmans.

La laïcité est inapplicable à l’islam pour une double raison : elle est culturellement chrétienne – ce qui n’est paradoxal qu’en apparence – et ne s’adresse qu’aux chrétiens et assimilés. D’autre part, l’islam ne peut la reconnaître car il est avant tout un système politique théocratique récusant toute forme d’organisation sociale différente de la sienne. Dans une telle approche, la loi civile et la loi religieuse se confondent. En conséquence, l’islam ne peut que contester un État non-musulman. Cette incompatibilité, reconnue par les siècles de lutte entre islam et chrétienté, ne pourra pas se résoudre facilement.

 

Comprendre la laïcité

La laïcité n’est pas l’athéisme, contrairement aux interprétations de quelques-uns. Elle n’est pas non plus ignorance de l’Église par l’État. Certains parlent d’une neutralité envers les confessions, ce qui est plutôt un respect de toutes les croyances autres que chrétiennes, conséquence induite de l’abandon de la reconnaissance du catholicisme comme religion officielle de la France. Elle est certes séparation, mais plus subtilement partage des missions, quand bien même dans les débuts de l’application de la première loi, des actes d’intolérance aient pu se produire.

Il fallait conclure cette évolution séculaire, en mettant nettement fin à ce que certains nommaient l’ingérence de l’Église catholique dans la vie publique. N’en déplaise à certains, elle n’était, in fine, que l’achèvement, brutal il est vrai, d’une politique menée par tous les souverains français depuis des siècles. Mais d’autres lois ont été très rapidement votées qui manifestèrent clairement le désir de ne pas rompre avec les principes du christianisme sur lesquels repose la civilisation française et, plus largement, la nature vraie du monde occidental. Ces lois poursuivaient un seul but : donner aux gouvernements de notre pays une totale indépendance dans l’action. Il fallait ouvrir la France sur le modernisme en se départissant des contraintes qu’une Église, encore figée dans des principes révolus, faisait peser sur la politique nationale.

 

Une différence entre État et Église

Au tout début de notre histoire, bien sûr, l’intimité entre l’État et l’Église était complète car les intérêts se montraient à l’identique. Souvenons nous du baptême de Clovis. L’Église lui permit d’être roi. Pendant longtemps l’intimité entre le christianisme et la monarchie française fut profonde au point d’ailleurs que le roi était oint et régnait par la volonté de Dieu. Il fallait, en effet, un corpus doctrinal pour unifier les peuples, les discipliner, les défendre face aux hérésies et, déjà, face à un islam virulent et totalitaire. L’alliance avec l’Église fournit cette référence, marquant à jamais la civilisation française. Les menaces disparues, ou pour certaines différées, les obligations de développement et ce qui relevait d’une ambition nationale, nécessitèrent une plus grande indépendance du pouvoir royal.

La qualification de « droit divin » des rois, et de la France de fille aînée de l’Église, permettaient de tenir à distance le pape, chef de l’Église et représentant de Dieu sur terre. La foi restait, mais l’autorité inquisitoriale de la papauté gênait désormais. Cette séparation du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel avait donc été recherchée depuis longtemps et nous pourrions trouver chez Philippe IV le Bel le début abrupt de cette évolution que la plupart de ses successeurs ont confirmée. Il malmena le clergé. Il abattit l’Ordre du Temple, relevant du seul pape et finit par intervenir très directement dans la désignation du souverain pontife, qu’il voulut français, et qui dut fixer le gouvernement de l’Église à Avignon sous le regard du roi.

 

L’affranchissement

Le gallicanisme venait de naître, expression première de cette volonté d’affranchissement de la tutelle politique de l’Église. Sous Charles VII, la Pragmatique Sanction de Bourges (1438), entraîna le relâchement des liens unissant l’Église de France à Rome, en subordonnant la désignation des évêques au bon vouloir du souverain. Certaines régions d’Europe rompirent ces liens. Ce fut l’avènement du protestantisme dans lequel nous pourrions trouver les germes du communautarisme et d’un individualisme contraires à l’idée de nation. Mais la France, toujours tendue vers son unité, refusa la religion réformée pourtant plus à même de libérer l’État.

L’Église était toujours politiquement utile pour maintenir l’unité de la France; mais ce besoin menait à une contradiction. Le pouvoir acceptait la seule foi catholique, mais récusait l’influence de Rome sur sa politique. Bien plus tard, après la Révolution qui voulut maladroitement tuer la religion, l’empereur Napoléon se couronna lui-même en présence du pape, témoignant ainsi d’une fidélité à la foi catholique, mais d’une indépendance entière à l’égard de la papauté.

 

La séparation

Les parlementaires qui votèrent ces Lois (1905 ; 1907 ; 1908) qu’il faut considérer comme un ensemble, n’imaginaient absolument pas qu’elles pourraient mettre en péril, un jour, les fondements civilisationnels de la France, confrontée à une religion importée s’ingérant dans le subtil rapport initialement forgé entre l’État et l’Église catholique. Cet équilibre incluant les minorités protestantes et israélites. L’islam n’avait, naturellement, aucune place dans cette approche à l’époque. L’empire colonial constituait un immense territoire où se déployait le génie de la France, mais où les peuples étaient considérés en devenir. Sauf exceptions, souvent individuelles, ils n’étaient pas regardés comme des ensembles de citoyens de « plein exercice ».

En Algérie, l’accès à la citoyenneté des indigènes leur avait été proposé par sénatus-consulte en 1865. Sous l’influence des cadis, les juges musulmans, elle avait été rejetée à une immense majorité; les cadis craignant de perdre leur pouvoir. Aucune raison historique ne se présentait, donc, pour intégrer l’islam dans une loi qui aurait porté, alors, sur les relations « avec les religions », si elle était apparue nécessaire, mais qui aurait dénaturé l’âme de la France. De plus, il est patent que cette idéologie religieuse, était considérée, par tous les penseurs, les politiques et les historiens, comme dangereuse et pratiquée par des populations éloignées du monde moderne. L’islam, avec l’arrivée de la civilisation française dans les colonies, n’avait aucun avenir. Du moins le croyait-on ! D’ailleurs, et ce n’est nullement un paradoxe, malgré ces lois, l’armée et l’administration coloniale soutinrent, sans défaillir à un seul moment, l’Église dans sa recherche d’implantation et sa mission évangélisatrice. Elle était partie intégrante du fait français.

 

Des politiques imprégnés de christianisme

Les politiques qui promurent cette loi, se révélaient, eux-mêmes, imprégnés de christianisme. Combes était, comme plus tard Staline un ancien séminariste. La commission destinée à préparer cette loi fut dirigée par Ferdinand Buisson, philosophe, patriote et protestant libéral, et l’animateur et rapporteur fut Aristide Briand, Breton, élevé dans le catholicisme. Il fera élire, plus tard, à la présidence de la République Paul Deschanel, contre Clemenceau, avec l’appui du Vatican qu’il sollicita…

Il n’y avait donc aucune hostilité de la part de ces responsables à l’égard de la morale et de la pratique chrétienne, mais bien ce souci de mettre un terme à l’ingérence de l’Église dans la vie de l’État et d’achever, d’une certaine manière, l’évolution engagée par les régimes précédents. La laïcité succédait au gallicanisme. Les exagérations administratives de la loi initiale de 1905, comme l’obligation de déclaration préalable pour les réunions publiques, l’inventaire des biens non indispensables au culte, furent abandonnées dans la loi du 28 mars 1907 et les manifestations religieuses désormais considérées comme des traditions. Mieux encore la Loi du 13 avril 1908 mit les 30 000 édifices religieux définitivement à la disposition des communes et organisa la création de mutualités ecclésiastiques. L’administration de l’Église fut acceptée de manière dérogatoire à la Loi sur les associations, sous forme « d’associations diocésaines ».

Il est vrai que les abus initiaux avaient provoqué de très graves émeutes. La loi de 1905 s’était révélée une loi politique, mais elle ne recevait pas le soutien populaire. Les députés s’étaient montrés hésitants sur le fond. Les congrégations, considérées, par les partisans de la laïcité, à juste titre souvent, comme des groupes de fermentation politique, avaient été expulsées à la suite de la promulgation de la Loi de 1905. Elles furent à nouveau autorisées en 1914. Progressivement le rôle traditionnel de l’Église, avec ses moyens et tous ses privilèges administratifs, fut rétabli, sauf au regard de son implication dans la vie de l’État. La guerre de 14/18 effaça les animosités résiduelles dans un formidable élan patriotique, au point qu’après le conflit, en 1920, le parlement proclama fête nationale le deuxième dimanche de mai en souvenir de Jeanne d’Arc, alors qu’elle était canonisée, et que le concordat fut maintenu en Alsace-Moselle.

Nous le constatons dans ce rapide survol, l’Église est reconnue par l’État comme titulaire d’une mission d’élévation spirituelle du peuple français. Elle est donc, en principe, dans une proximité légale avec la République, sans pour autant être autorisée à s’ingérer dans les activités politiques. C’est net. La France se trouve en conformité avec la parole bien connue de Jésus: « Rendez à César, ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Malheureusement, la menace de l’islam est revenue, récusant cette proximité et déformant la nature de la laïcité. Or cette osmose entre la foi et le pouvoir temporel avait permis de le chasser de notre pays. Nous avions alors une situation proche, curieusement, de celle du monde musulman où l’État et la religion, chez nous sans se confondre, se montraient intimes. La religion catholique s’établissant alors comme l’expression, face à l’islam, de la transcendance de la France et conférait au pays une force morale indubitable. L’éloignement de cette menace avait permis cette séparation des églises et de l’État et le partage des rôles pour une action du pouvoir politique plus efficace et indépendante.

 

La triple atteinte

Mais la laïcité, équilibre entre l’État et principalement le catholicisme, a subi, au cours des années récentes, une triple atteinte. En premier lieu l’évolution portée par le monde profane, inspirée des États-Unis vainqueurs intellectuels et financiers davantage que militaires de la Seconde guerre mondiale. Elle consistait à promouvoir l’individualisme et le communautarisme et ne supportait pas d’autre allégeance que celle due aux États-Unis. Ils étaient devenus le seul exemple pour une Europe à reconstruire alors que la « Russie des soviets » principal vainqueur continental de l’Allemagne, pourtant puissance européenne, s’isolait dans une idéologie collectiviste récusée par l’Ouest, au nom du respect de la liberté individuelle. Progressivement et de manière accélérée après l’effondrement de l’URSS au début des années 90, cette influence étatsunienne aboutit à une anarchie morale que des gouvernements successifs, par acceptation de la culture de ce pays, se gardèrent bien de combattre. Cette dérive, inspirée des universités étasuniennes et encouragée par les institutions, organismes, clubs et associations, liés au pouvoir de Washington, a débouché sur le wokisme et toutes les aberrations racialistes, amorales, pseudo-écologistes, ayant pour vocation de déstructurer la société française.

En second lieu l’Église, elle-même, en partie influencée par cette dérive, se réfugia dans une vision étriquée de son rôle, occultant sa mission pourtant reconnue, de fait, par les lois sur la laïcité. Elle en est venue ainsi à craindre d’affronter un monde politique lui même paganisé et oublieux de ces lois. Elle le laissa les interpréter faussement, notamment lorsque les politiques crurent pouvoir appliquer une laïcité culturellement chrétienne, aux musulmans. La puissance des médias grand public, relais de la mal pensance gouvernementale, l’a contrainte à se réfugier dans un fonctionnement quasiment fermé en contradiction avec sa vocation. Pourtant Le Christ aussi bien que Saint Paul, donnèrent pour mission à l’Église naissante d’aller par le monde et de convertir… Enfin, confirmant les effets délétères des deux évolutions et profitant d’un système relationnel corrompu, l’islam réussit à mettre les gouvernants en contradiction avec ces lois, qui ne s’adressaient- faut-il le rappeler – qu’à l’Église…

 

Islam vs laïcité

Aujourd’hui notre pays se trouve confronté à un inextricable paradoxe, ayant accueilli des millions de musulmans sur son sol qui, selon leur doctrine, ne peuvent admettre de séparation entre leur religion et l’État puisque l’islam est en soi une organisation sociale. Il faut savoir que lorsqu’ils sont minoritaires ou soumis à une force contraignante, ils acceptent provisoirement un régime politique non conforme aux impératifs de la charia. Les faiblesses globales de la France, la mise à l’écart de la morale et de ses fondements par des minorités ayant aisément accès aux médias, l’inaptitude de la classe politique à penser l’avenir et à agir en conséquence et son ignorance de ce qu’est réellement la laïcité, les ont convaincus qu’elle était devenue un terrain en friche, désormais ouvert à leur conquête.

Ils se sentent suffisamment forts pour exiger la mise en place de lois ou de règlements qui contreviendraient à la laïcité. Le grignotage est à l’œuvre qui vise l’instauration d’un État musulman. La laïcité est donc en péril. Il est vrai que culturellement chrétienne, elle est malmenée par ceux qui ne l’ont pas comprise. L’État est ainsi totalement désarmé face à une farouche croyance totalitaire, ignorant la distinction entre le gouvernement des hommes et la mosquée. Elle ne pourrait être combattue que par une autre foi. Désormais l’évolution fâcheuse de cette séparation, interdit à l’État de faire appel à l’Église pour combattre l’idéologie totalitaire islamique. La place est libre…

 

Un peuple français malmené

Au bilan, le peuple français recherche ses racines et montre de plus en plus son animosité à l’égard de cette population. Il se défie de ses gouvernants empêtrés dans leurs contradictions. Dans un contexte pareil que pourrait-il se passer ? L’addition de mesures insignifiantes aux musulmans et les allusions à la seule Loi de 1905, en omettant celles complémentaires de 1907 et 1908, n’ont, évidemment, aucun effet sur eux. Pas plus non plus que la fermeture de quelques mosquées où l’on prêche ouvertement la haine des chrétiens et des juifs. Il faut que les quelques politiques qui essaient d’aborder le problème, aient, naturellement, l’esprit bien formaté par le christianisme et soient bien naïfs, pour refuser d’admettre qu’ils s’adressent à des gens récusant, sauf à de rares exceptions, un État laïque.

La laïcité, pour nos adversaires, n’est qu’un mot, intraduisible d’ailleurs en arabe coranique, destiné à masquer une préférence religieuse chrétienne. Elle leur est insupportable. Elle leur est d’autant plus insupportable qu’ils constatent l’éloignement apparent des Français et de leurs dirigeants du christianisme. Ils sont donc pleinement justifiés, détenant des papiers d’identité français, de vouloir mettre en œuvre en France, leur totalitarisme religieux.

 

Vers une guerre de civilisation ?

Tous les facteurs sont réunis pour un affrontement majeur entre les Français et ces étrangers, entre une France de civilisation judéo-chrétienne et l’appendice de l’ouma en France. Ce qui vient ne sera pas une guerre civile qui opposerait des citoyens entre eux, mais une guerre de religions à laquelle les athées, agnostiques, libres penseurs et croyants des religions ouvertes, seront contraints de participer. Ce sera une guerre de civilisation. Cette guerre se déclenchera à la suite d’un attentat de trop, d’une ambiance devenue insupportable dans un quartier, d’une nouvelle provocation, d’une élection d’un maire issu d’un parti musulman ou soutenu par cette communauté, d’une agression de médecins, du tabassage d’une jeune-femme, de l’attaque, comme récemment, de catholiques en procession au prétexte qu’ils souillent un sol devenu musulman… ou encore d’une élection présidentielle aboutissant au maintien de ce refus de traitement réel du problème. Les détonateurs possibles sont trop nombreux et dans ce genre de situation tout ce qui choquera les Français pourra devenir prétexte à réplique violente.

Les tentatives de faire émerger un communautarisme visant à disloquer la nation intensifient le danger. Face à un fractionnement possible du peuple, la communauté islamique, puissante, soudée et soutenue par l’étranger, aura toutes les chances de l’emporter. Il est donc urgent, pour préserver l’avenir de la France, de retrouver les fondements de notre nation et de restaurer une vision juste de la laïcité. Dès lors, ceux qui refuseront de s’adapter seront conduits sur une terre d’islam.

 


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