La place Rouge à Moscou en 2018. Image d'illustration.

A la chute de l’Union soviétique, la Russie se rapproche du monde occidental dominé par les Etats-Unis. Une expérience qui sera considérée par les Russes comme une tentative de vassalisation de leur pays.

 

En 1990, l’URSS est un Etat continent eurasien représentant un parti unique, idéocratique, le PCUS ; tout en étant universaliste et fédéraliste, puisqu’on y retrouve quinze Etats sous son égide, y compris la future Russie. Il y a une large représentation de russes dans le PCUS. La chute de l’URSS en 1991, entraine à sa suite les 15 Etats de l’Eurasie ce qui bouleverse l’unité géopolitique dans la région.

 

L’expérience russe d’occidentalisation

A sa chute, l’URSS se voit remplacée par la Communauté des Etats indépendants (CEI). Les forces soviétiques sont remplacées par les « forces unifiées de la CEI. » Mais, en réalité, seule la Russie contrôle le tout, ayant davantage de ressources. Or de son côté, fragilisée par la guerre, la Russie suit l’Union européenne et siège à l’ONU. Elle intègre le FMI, la Banque Mondiale et le Conseil de l’Europe (partenariat pan-européen) jusqu’à conclure un accord de partenariat et de coopération (APC) avec l’UE tout en participant à la création de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) en 1995, le Partenariat pour la paix (PPP), le Conseil du partenariat euro-atlantique (CPEA). Gorbatchev met en place une politique de démocratisation en particulier par la réforme économique « Perestroïka »; espérant ainsi devenir une démocratie capitaliste et libérale en passant par la « Glasnost ». De fait, la Russie s’en voit favorisée et l’influence européenne s’étend par ce biais à l’ensemble de l’ancienne URSS, à la CEI.

Dans cet esprit, différentes répartitions dans le domaine de l’armement assurent une déconstruction technique non équitable au service d’une répartition politique. Autrement dit, la répartition est organisée au détriment des pays de l’Europe centrale ex-soviétiques à l’exception de la Russie, mais dans l’intérêt de l’Europe et tout pays d’Europe centrale non ex-soviétique. Ainsi, chaque Etat s’approprie les forces militaires présentes sur le territoire ; mais les unités déployées en dehors de l’ex-URSS et les armes nucléaires en-dehors (la plupart de l’arsenal) vont à la Russie. La répartition des éléments du missile n’est pas non plus équitable puisque l’ogive qui dispose des explosifs va à la Russie tandis que seules les parties vides du missile restent dans les Etats anciennement détenteurs des armes nucléaires russes. Cela permet à l’Europe de ne pas avoir de menaces directes à leur encontre, la Russie étant alors dans un processus d’occidentalisation.

 

La volonté de déconstruction bafouant le Droit international

L’influence européenne utilise l’armement pour maintenir une influence sur l’Etat continuateur de l’URSS et les 11 Etats successeurs (Déclaration d’Alma-Ata). Elle régie la répartition du nucléaire et les traités d’armement dans la région. La puissance militaire de l’URSS est indéniable par son arsenal. Cela étant, si le Droit international admet la règle de non-transmission des traités militaires aux Etats successeurs (à la différence des traités territoriaux ou humanitaires qui sont transmissibles) ; il n’empêche que les accords de Minsk vont à l’encontre de cela. Tous les Etats issus de l’URSS ont donc dû continuer les traités, y compris ceux évoquant le désarmement et la maitrise des armements. Le Traité le plus handicapant pour tous est surtout le Traité sur la non-prolifération des armes militaire (TNP.) En effet, l’URSS avait signé avec l’Occident, de multiples traités sur les armements nucléaires, armements mésologiques, aérospatiaux, chimiques, biologiques, balistiques, conventionnels. Or, le 30 décembre 1991, l’accord sur la CEI (accord de Minsk) déclare que les Etats-membres de la CEI s’engagent à respecter les traités internationaux, handicapant les nouveaux Etats dès leur création dans le domaine de l’armement ; ce sont les puissances occidentales qui ont insisté afin que cette mesure, opposée au Droit international puisse se mettre en place. En effet, en échange de la reconnaissance des nouveaux Etats, ces derniers devaient accepter cette mesure.

Dès lors, on voit se constituer une multilatéralisation des traités, au cours de laquelle les traités signés par l’URSS sont considérés comme ayant été signés par les nouveaux Etats. C’est le cas avec le Traité START I pour la réduction des armes stratégiques. Dans le même esprit, un mémorandum du 26 septembre 1997 décidé à New York déclare que la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine et le Kazakhstan en font cette fois-ci partie en plus des accords ABM limitant les missiles balistiques et les anti-missiles créés à l’origine le 26 mai 1972 et le 3 juillet 1974. C’est aussi le cas du traité FCE limitant le niveau des forces conventionnelles en Europe, du 19 novembre 1990 élargies aux nouveaux Etats en 1992. Finalement, la Russie le suspend en 2014.

 

Un démantèlement d’armes nucléaires

Paradoxalement, les traités signés par l’URSS remettant en cause la sécurité de l’Occident sont marqués quant à eux par un coup d’arrêt. C’est le cas du traité TNP. Si on avait un renouvellement de tous les traités signés par l’URSS, cela signifierait qu’effectivement, les 14 nouveaux Etats se doteraient de l’arme nucléaire ou du moins le Kazakhstan, la Biélorussie, et l’Ukraine du fait que ce sont sur leurs frontières qu’étaient abritées des armes nucléaires de l’URSS. Or, la prolifération de cette arme engendrerait une démultiplication du danger pour l’Occident. Dès lors, ce dernier maintient son influence cette fois-ci dans le sens inverse : seule la Russie récupère tout l’arsenal soviétique et doit continuer l’URSS en tant qu’Etats non dotés de l’arme nucléaire (EDAN) ; de telle sorte que les armes nucléaires présentes sur les trois Etats sont démantelées pour être emmenées en Russie tandis que les 14 Etats doivent signer le TNP tout en portant le statut de ENDAN.

Ainsi, toute une influence occidentale est exercée autour des traités d’armements entrainant une dénucléarisation des Etats qui, pendant l’URSS, disposaient d’armes nucléaires. Cela les rend vulnérables et entraine une monopolarisation nucléaire de la Russie au sein de la CEI. Cela est définitivement effectif en 2006, par un traité exemptant l’Asie centrale d’armes nucléaires. Cette barrière à la prolifération des armes nucléaires accroit la légitimité d’une intervention onusienne dans la région du fait de la résolution 984 du Conseil de Sécurité de l’ONU datant du 11 avril 1995 en cas de non respect des indépendances ; jusqu’à ce que la méfiance les remette en cause. De son coté, l’Europe en profite, via l’UE et l’OTAN pour mener un double élargissement aux PECO : les Pays baltes auxquels s’ajoutent les demandes de la Géorgie, l’Ukraine, la Moldavie et des bases militaires en Asie centrale. L’Amérique en profite pour s’avancer peu à peu vers la Russie. L’expérience d’occidentalisation va être finalement rejetée par la majorité de la population. Elle sera désormais associée à l’idée d’une subordination politique et d’un appauvrissement économique.

 


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